jeudi 27 novembre 2008

Hilaire Tassa : Plusieurs peuples camerounais ont gardé la culture du tabouret

Deuxième prix de la créativité au récent salon international de l'artisanat de Ouagadougou, cet ébéniste camerounais présente son prix.
Quelle est l'œuvre qui vous a permis de remporter votre prix au salon de Ouaga qui s’est tenu du 31 octobre au 9 novembre?
Je suis parti du Cameroun avec deux œuvres qui ont concouru. Il s'agit notamment d'un tabouret innovant que j'ai baptisé le tabouret de l'unité. Ce tabouret a remporté le 3ème prix ethnik.org sur le commerce équitable. J'y ai également présenté un tabouret traditionnel avec une caractéristique de chef bantu que j'ai présenté. Il a remporté le deuxième prix de la créativité. Il y avait environ 150 ouvrages qui étaient en compétition. Juste trois ont été primé. Il s'agissait de moi et de deux dames du Burkina Faso. Avec ce prix, j'ai reçu un catalogue qui me permettra de visiter les autres foires et aller de salons en salon.

Pouvez-vous décrire ce tabouret ?
Je me suis inspiré des tabourets de chef car, mon père étant un notable, il en avait plusieurs à la maison. C'est comme cela que l'idée de fabriquer un tabouret qui respecterait les normes et l'éthique du tabouret d'un chef bantu. Le tabouret, comme vous le voyez est fait, sur l'assise de plusieurs triangles et d'une étoile que j'ai placé au milieu et qui, pour moi, est le reflet de l'homme parfait africain. Autour, il y a cinq pyramides avec différentes essences de bois qui représentent la diversité africaine. Cette diversité se voit dans la couleur et dans la joie. En périphérie, on voit un pentagone qui exprime le pouvoir du chef. Tout au tour, il y a un cercle qui représente le territoire sur lequel le chef exerce son pouvoir. Sur les piètements, il y a un trépied. Sur ces trois pieds, on voit une cloche qui annonce la sortie du chef lors d'un évènement. Cela m'a d'autant motivé à présenter cette œuvre d'art que dans mes recherches, je me suis rendu compte qu'il y avait, au Cameroun, trois peuples qui ont gardé la culture du tabouret. Il s'agit notamment du peuple Sawa, ceux de l'Ouest du Cameroun et ceux du Nord et Sud-ouest du Cameroun.

Aviez-vous déjà participé au Siao ?
En 2004, j'ai reçu une note du Ministère du développement industriel et commercial (Mindic) qui s'occupait encore de l'artisanat. Ils m'informaient de la tenue d'un concours lancé par l'Unesco. J'ai réalisé une pièce inspirée du design des tissus traditionnels de l'Ouest du Cameroun et un mois plus tard, j'ai appris qu'elle avait été retenue et que je représenterai le Cameroun au Siao lors de cet évènement. Malheureusement, je n'ai pas été primé cette année là. En 2006 j'ai renvoyé une pièce sans succès et cette année, j'ai essayé et cette fois à été la bonne.

Il a quand même dû y avoir une sélection préalable…
Oui, bien sûr. Il fallait au préalable avoir participé au Salon international de l'artisanat du Cameroun (Siac). Cette année, j'étais 4ème dans la province du centre alors que le Siao demandait d'être parmi les deux la province. Il y a heureusement eu un autre test à la chambre de commerce et j'ai eu été premier avec 80 points sur 100. C'est comme cela que sur les 20 artisans camerounais sélectionnés à l'origine, nous n'étions que sept à nous rendre à Ouagadougou.

Vous êtes ébéniste à l'origine…
Je suis d'une famille de menuisier et je me suis donné pour objectif de faire la menuiserie de façon différente que mes parents. Je veux une menuiserie parlante

Propos recueillis par Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227799161.php

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