lundi 24 novembre 2008

Queen Etémé : Lafi est le symbole d'un état d'esprit


La chanteuse camerounaise parle de son deuxième opus sorti récemment en France.
Pourquoi avoir attendu cinq ans avant de sortir votre deuxième album ?
C'est le temps qu'il m'a fallu pour me nourrir d'expériences et de rencontres. Il me fallait du temps pour synthétiser tout cela, pour digérer tout ce que j'ai accumulé comme émotion, pour pouvoir le partager dans un nouvel opus. Parallèlement à cela, j'ai fait beaucoup d'autres choses, en France et en Afrique, que travailler sur mon nouvel album. J'ai monté de nombreux master classe de chant (ateliers de formation) et je me suis beaucoup investie dans des causes qui me tiennent à cœur, comme l'autisme (son fils est autiste, Ndlr), la drépanocytose ou les enfants malades.

Que signifie Lafi ?
Lafi signifie "Tout va bien" en moré (langue du Burkina Faso, Ndlr). Pour moi, c'est le symbole d'un état d'esprit. Les artistes, qui sont un peu des leaders d'opinion, constituent un espoir. Avec Lafi, je veux dire à tout le monde de croire en ses rêves. J'ai choisi "Réveille-toi" comme single pour préparer la sortie de l'album pour cette raison. Comme un prolongement de la symbolique du titre de l'album.

Avez-vous abordé le travail de la même façon que pour Soki ?
J'ai travaillé différemment pour Lafi. Il y a eu un changement d'équipe managériale et de stratégie. Je me suis plus impliquée dans les arrangements, la réalisation, le choix de musiciens, les aménagements vocaux, les sonorités, les instruments. Même si Soki reste un disque tout autant personnel. Par ailleurs, au carrefour d'une volonté et d'opportunités, j'ai enregistré une partie de l'album en Afrique.

C'était important pour vous d'aller enregistrer une partie de votre album en Afrique ?
L'Afrique est la base de mon inspiration car c'est la base de ma culture. J'avais envie de rencontrer des gens. Je cherchais cette étincelle qui me nourrit et me grandit. Il y a une véritable authenticité là-bas. Les artistes jouent avec le cœur et toute l'énergie de leur musicalité. C'est une autre méthode de travail qui n'a rien à voir avec ce qui se passe en France par exemple. En Afrique, il n'y a pas ce côté "syndical" qu'on retrouve ici. Là-bas, si on estime que ce n'est pas bon, on recommence jusqu'à avoir la bonne tonalité. Il n'y a pas la contrainte du temps et tout se fait en partage. J'aime cette générosité artistique. Et puis il y a des artistes extraordinaires. Je suis toujours impressionnée par les talents que je croise en Afrique. Là-bas, je vous assure que vous prenez des claques. En plus de leur amour pour la musique, ils ont tous une soif d'apprendre.

Quels sont vos rêves ?
Très prosaïquement, j'espère que cet album sera une victoire. Pour tout ceux qui se sont impliqués dans cette autoproduction. Mes rêves sont artistiques. Je rêve de continuer à construire et donner la chance à des artistes de faire de la scène. Mes rêves sont personnels. Des rêves de femmes, des rêves de mère. Je rêve de voir les mères ayant des enfants autistes se réveiller, comme moi, avec le sourire chaque matin. Mon fils, qui eu la chance de bénéficier très tôt d'un bon suivi, et évolue bien dans sa maladie. Ce qui est une grande victoire pour moi.

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