lundi 3 novembre 2008

Vincent Nguini : Echanges avec ses cadets et ressourcement



Entre deux notes de musique, il mange de la viande grillée avec du bâton de manioc et boit de la bière.
Dimanche 13 octobre dernier, le reporter du Jour s'est joint aux musiciens qui effectuaient un voyage d'études chez Vincent Nguini, à Obala. La rencontre a eu lieu au domicile familial de ce dernier. Le musicien préfère cette maison ordinaire à sa villa, construite à proximité. Il y passe le clair de son temps, quand il est de passage au Cameroun.
Ces enseignements sont du pain béni pour Gabriel Mayo, le chef d'orchestre des Vibrations Steve Ndzana, le promoteur du Petit Tamtam, Jean Paul Lietche, Blaise Nkene et bien d'autres musiciens n'en sont pas moins honorés d'être à l'école du "grad-frère". Une fois la semaine terminée, samedi et dimanche, ils prennent presque leur aîné en otage. "C'est toujours un privilège d'échanger avec quelqu'un comme Vincent Nguini, qui a de l'expérience. Et si en plus, il est disponible comme c'est le cas aujourd'hui, il faut profiter", déclare Gabriel Mayo.
En effet, Vincent Nguini fait de la musique depuis 35 ans. En 1973, il part en Afrique de l'Ouest (Nigeria, Ghana et Côte d'Ivoire) et se familiarise avec la High Life Music. Cinq ans plus tard, il s'installe à Paris et travaille avec Manu Dibango, Henri Salvador, Slim Pezin... Son expérience anglo-saxonne le pousse à s'installer aux Etats-Unis où il devient le chef d'orchestre de Paul Simon. Au cours de ces dix dernières années, Vincent Nguini a écrit et produit cinq de ses propres albums, Symphonie bantoue, Mezik me Mvamba, Sunshine Day, The Traveller et Douma.
Le cours, ou plutôt la causerie éducative de ce jour qui porte sur les harmonies, commence timidement. Les musiciens, d'ordinaire bruyants, suivent attentivement. Pour détendre l'atmosphère, Vincent Nguini lance des piques à ses "élèves". Ainsi, chahute-t-il l'un dont les cordes de la guitare ne sont pas réglées à sa convenance. "Gars, cette guitare, c'est du tétanos", ironise-t-il. Entre deux accords, Vincent Nguini savoure de la bière et grignote de la viande grillée pimentée, accompagnée de bâton de manioc, que Jean-Marie, son petit frère avec qui il passe son temps à Obala, a mis tout le soin à préparer.
De temps en temps, Vincent Nguini fait écouter quelques classiques à ses confrères. Son nouvel album aussi, dont la sortie probable est prévue pour le début de l'année prochaine. L'album, intitulé "Musik Man", aura des airs de salsa et quelques sonorités d'Afrique de l'Ouest. Durant tout ce temps, Vincent Nguini ne fume pas. "Grâce à un traitement traditionnel, j'ai arrêté de fumer depuis 4 jours. Heureusement pour moi qui prenais au moins 40 bâtons de cigarettes par jour", se réjouit-il.
La mine de Vincent Nguini s'assombrit quand il évoque l'état d'esprit et l'environnement dans lesquels travaillent les musiciens camerounais. "Nul ne peut prétendre tout connaître en musique. Il n'y a non plus de ligne d'arrivée dans ce métier On ne peut également pas atteindre le sommet sans travailler. Tous les jours, entre 6 et 8 heures, je révise mes gammes de musique". A la question de savoir si le Cameroun dont il a porté très haut l'étendard, est reconnaissant, Vincent Nguini répond : "Je n'attends rien. Si ça se passe, tant mieux, si ce n'est pas le cas, tant pis".
Ainsi s'écoule cette journée peu ordinaire à Obala, en compagnie de quelques visiteurs d'un jour, loin de l'Amérique et son showbiz, près de Yaoundé et de ses contraintes, dans le cœur du Cameroun, où Vincent Nguini vient se ressourcer quelque temps, tout en restant utile à ses cadets.

Écrit par Cathy Yogo

http://www.lejourquotidien.info/index.php?option=com_content&task=view&id=983&Itemid=62

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