Ce film sur la fête du taureau en pays Mafa est projeté depuis vendredi dernier dans l'Extrême-Nord.
Les populations du département du Mayo-Tsanaga découvrent depuis vendredi 21 novembre dernier, le film dont le titre est un rite assez prisé en territoire Mafa, du nom de la communauté ethnique majoritaire de cette circonscription administrative. Il s'agit d'un film sur la fête du taureau encore appelée Marai. C'est le plus important rituel célébré avec faste et solennité et à coups de dépenses tous les trois ans chez les Mafa du Nord-Cameroun. Marai, c'est aussi le taureau qui, après avoir été nourri pendant trois ans dans une casette est, le jour de la fête, libéré, arrêté, tué et enfin partagé. Très peu usité de nos jours, il est le symbole de convivialité, de solidarité, d'amitié et de partage entre les habitants de différents villages. Des vertus en nette régression du fait de l'égoïsme et de l'individualisme qui prennent le dessus.
Ce film de cinquante trois minutes déroule ainsi les différentes facettes de ce rite, principale identité des Mafa. Après avoir séjourné dans les villages Gouzda et Houva dans le Mayo-Tsanaga pour la conduite de ses travaux en anthropologie et ethnologie, l'auteur du film, Godula Kosack, dit avoir été "fascinée par la solennité et la particularité de la fête du taureau". Trente sept mois passés en pays Mafa ont largement suffi pour faire de cette Allemande, une véritable fille Mafa comme le confirment de nombreux notables du coin. Godula n'a jamais cessé de clamer son appartenance à la montagne Houva. Elle a acquis cette nouvelle patrie non seulement parce qu'elle a été adoptée par une femme de Houva, mais aussi et surtout parce qu'elle a été initiée au rite de Marai et y a joué un grand rôle.
En venant projeter son film, l'auteur veut confirmer son attachement à la région et exprimer sa reconnaissance aux peuples qui l'ont aidée dans ses travaux de recherche. La jeunesse doit, pense t-elle, pouvoir profiter de cette occasion pour cerner la signification que revêt le Marai et sa place dans le quotidien des Mafa. Ceci en raison de la disparition progressive de ce rite dans les habitudes. A l'occasion, la compatibilité de ce rite avec les religions importées est évoquée.
Pour Tevodaï Alain Mambaï, un des promoteurs de cette projection, "nous pensons que la vision de ce film nous fera réfléchir car le Marai regorge de hautes valeurs chères à notre tradition. Par ailleurs par le Marai, on purifie physiquement et moralement les villages et la jeune génération s'imprègne des vertus de la vie. Godula dit qu'elle sera toujours prête à aller faire voir le film à tout groupe constitué qui en fera la demande". A la question de savoir ce qui la motive à venir une fois de plus en pays Mafa, Godula répond naturellement qu'on n'oublie jamais son peuple. "Je suis très contente que les peuples de Houva et Gouzda m'aient soutenue dans mes travaux de recherche. Je viens montrer ce film en guise de reconnaissance", conclut-elle.
Dieudonné Gaïbaï
http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227538308.php
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