mardi 24 février 2009

Vernissage : Plus de 200 livres en langues nationales exposés

L'exposition de Kum'a Ndumbe III marquait la célébration de la journée mondiale des langues maternelles.

Une centaine d'ouvrages en diverses langues nationales a été disposée sur des étals dans une des salles de la fondation Africavenir, samedi dernier, 21 février dans la capitale économique. "Pour cette édition 2008, près de 250 ouvrages en toutes les langues nationales sont mis à la disposition du public ", a confié Kum'a Ndumbe III, président de la fondation. Cette deuxième exposition du genre s'inscrit dans le cadre de la célébration marquant la "journée mondiale des langues maternelles ". Ce vernissage a été organisé " afin de susciter un intérêt de la part de la population car bon nombre ne sait pas encore qu'il existe des livres en leur langue maternelle", explique Kum'a Ndumbe III.

Les dictionnaires, la Bible, des syllabaires, des livres de contes et proverbes constituent l'essentiel de cette exposition. Le vernissage commence par la présentation de l'ouvrage "Atlas administratif des langues nationales du Cameroun ". Ce livre est un guide pour tous ceux qui souhaitent avoir des connaissances sur leurs langues. A travers la carte administrative détaillée, on a une idée sur le découpage des langues selon les régions et les ethnies. " Nous commençons par cet ouvrage parce qu'il permet aux visiteurs d'avoir une maîtrise de la langue ou du dialecte parlé dans leur localité avant de choisir un livre ", indique Kum'a Ndumbe III.

" Le guide pour l'alphabétisation en langues africaines " de Olive Shell et Ursula Wiesemann et " Le défi de Babel " de Maurice Tadadjeu sont aussi fortement recommandés. Ce dernier montre à travers cet ouvrage que les langues nationales peuvent être enseignées simultanément avec les langues officielles (français, anglais) ; ceci pour la reforme du système camerounais. Un point de vue d'ailleurs partagé par le président de la fondation qui considère la multiplicité des langues nationales comme une richesse. " La diversité linguistique est une condition sine qua none pour la réussite. L'apprentissage de la langue maternelle dès le bas âge prédispose l'enfant à une réussite certaine. Parce qu'un enfant qui a d'abord été scolarisé en sa propre langue est plus apte à la mémorisation ", indique Kum'a Ndumbe III.

Cette deuxième exposition de la fondation Africavenir est différente de la précédente par l'étalage d'un ouvrage pour collectionneur, intitulé " Masomandala-Jeki la njamb'a inomo ", du prince Kum'a Ndumbe III. Contrairement aux autres livres exposés, celui-ci est différent par son édition en deux tomes. Par ailleurs, cet ouvrage fortement illustré est traduit simultanément en trois langues. Notamment en langue Duala, en français et en langue Ewondo. Mais, les organisateurs de cet événement évoquent le manque de moyens financiers pour mener à bien leur mission de vulgarisation et d'apprentissage de ces langues au sein de leur structure.

Sandrine Tonlio

http://www.quotidienmutations.info/fevrier/1235435807.php

vendredi 6 février 2009

Peinture : Les puzzles de la solidarité


Jean-Jacques Kante propose au Ccf de Yaoundé un travail qui fait appel aux visiteurs pour s'affirmer.
Il faut passer plusieurs fois devant les tableaux pour pouvoir saisir le message qu'ils véhiculent. Des tableaux qui se présentent comme des puzzles enchâssés dans des carrés et dont l'ensemble brille par un choix harmonieux des couleurs vives. Un choix que l'auteur dit ne pas être volontaire, encore moins recherché. Mais qui, avec une technique tout en mélange, donne à l'ensemble une fresque toute belle à parcourir.
Mais au-delà des formes et des couleurs aguichantes, c'est l'esprit de collaboration et de participation du visiteur qui est à louer. En jetant un œil sur ces travaux, on constate qu'il y transpire comme une envie de son auteur de voir chacun participer, au mieux de ses possibilités et en fonction de ses sensibilités, au travail qui n'est finalement pas achevé. Une option pour laquelle Jean-Jacques Kanté a tout simplement ce commentaire : "J'ai constaté que notre société s'individualise chaque jour de plus belle.

Nous n'arrivons pas à nous associer autour de projets collectifs d'envergure et préférons laisser place à notre ego forcément démesuré. Ce qui est déplorable." Ne dit-on pas souvent au Cameroun qu'une seule main ne peut attacher un fagot ?
La technique en elle-même se veut composite. Une sorte d'agencement, et souvent d'enchevêtrement, de collages, de peinture ou de modelage avec comme outil des couleurs certes, mais aussi de la sciure, de la terre ou de l'huile. Et au bout un assortiment qui, en faisant la part belle au puzzle, ne donne pas moins aussi à voir des thèmes pleins comme pour une exposition classique. Avec à leur surface des formes qui vont des arabesques aux coulées en passant par des petits reliefs. En passant, l'on relève que cette technique-là est tout à fait maîtrisée et épurée des scories de débutant. Signe que l'auteur n'est pas à sa première tentative, lui qui par le passé n'a pourtant qu'accompagné d'autres dans les expositions alors qu'il est un fruit de l'Institut de formation artistique (Ifa) de Mbalmayo

Par dessus-tout, Jean-Jacques Kanté ne se sépare pas de son idée de participation du visiteur comme le laisse voir un thème vierge où l'on peut tout de même lire "Qu'est-ce qu'on fabrique en semble ?" Une question pour le moins existentielle dont les réponses des uns et des autres permettront d'ici au 28 février, date de la fin de l'exposition, de monter une fresque "solidaire". "Je ne sais pas à quoi elle ressemblera, mais je demeure persuadé qu'elle sera au moins surprenante. J'espère aussi que le carnet de commentaire qui est ouvert déjà nous aidera à concocter aussi une œuvre littéraire en appoint." Signe pour le jeune créateur qu'il n'y a pas d'art véritable sans collaboration, sans participation du plus grand nombre.

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/fevrier/1233882647.php

Musique : Manu Dibango attaque Michael Jackson et Rihanna en justice



Il réclame 325 millions de Fcfa aux artistes américains pour le nouveau plagiat de "Soul Makossa".
Dans une interview accordée à Mutations en décembre 2007, Manu Dibango avait précisé qu'il ne ferait pas de vagues pour la reprise de son titre "Soul Makossa" par l'artiste américaine de R'nB, Rihanna. Tout disait-il à cette époque était réglé. Il faut croire que non, puisque depuis mardi 3 février 2009, Manu Dibango a assigné lors d'une audience de référé devant le tribunal de Paris les maisons de disque Sony Bmg, Emi et Warner des chanteurs Michael Jackson et Rihanna pour avoir utilisé sans son autorisation le thème musical de l'un de ses titres. Motif : sa chanson "Soul Makossa", déjà "empruntée" sur l'album "Thriller", a été réutilisée à son insu. La jeune Rihanna est, elle aussi, poursuivie. La juge des référés Marie-Christine Courboulay rendra sa décision le 17 février 2009.

Décidément Soul Makossa est une chanson phoenix à plusieurs naissances, qui toutes sont sujettes à problèmes. Tout commence en 1972. Cette année-là, le saxophoniste camerounais compose un hymne pour la Coupe d'Afrique de football. Soul Makossa était en face B, avec son mémorable refrain "Mama Ko, Mamassa, Mamakossa". En 1982, alors qu'il enregistre le désormais mythique album "Thriller", Michael Jackson glisse une partie du morceau de Manu Dibango à la fin du titre "Wanna be Startin' Somethin'", sans l'accord de l'intéressé et surtout sans le créditer sur la pochette. "Je l'ai appris de manière inattendue”, se souvient Manu Dibango dans un entretien accordée au Figaro du mardi 3 février 2009. Il se souvient par ailleurs qu'il découvre le pot aux roses grâce à "une amie qui travaillait à l'Onu, à New York. Elle m'a envoyé une carte de voeux en ajoutant : Et bravo pour la collaboration avec Michael Jackson. J'étais à la fois flatté que l'un des plus grands artistes du siècle me reprenne. Mais il était aussi en train de gagner beaucoup d'argent en se prétendant auteur du morceau." Manu engage une procédure qui se solde par un règlement financier à l'amiable en 1986. En contrepartie, le camerounais renonce à ses droits sur "Wanna be Startin' Somethin'". En revanche, il garde le contrôle sur les adaptations futures de "Soul Makossa" et les éventuels extraits utilisés.

Le dossier en était resté là, jusqu'en 2008 où le saxophoniste camerounais s'est encore senti trahi. Simultanément, il voit sortir un remix de "Wanna be Startin Somethin'" signé Akon pour le 25ème anniversaire de "Thriller", et la chanson "Don't Stop the Music" de Rihanna. Un hit mondial vendu à plus de 7 millions d'exemplaires qui contient là aussi le fameux "Mama Ko Mamassa, Mamakossa". "Une fois de plus, dans les deux cas, je ne suis pas crédité et Michael Jackson est même considéré comme l'auteur-compositeur du morceau", livre Manu Dibango. Et ce n'est pas tout. Dans leur disque paru en début d'année 2008 au profit des Restos du coeur, les Enfoirés ont glissé dans un medley un clin d'oeil à Rihanna mais ont, là aussi, négligé Manu Dibango. " C'est ça qui me fait le plus mal. Cela fait soixante ans que je vis en France. J'ai même travaillé avec certains artistes qui sont dans les Enfoirés et ils m'oublient." A 75 ans, l'artiste vient d'assigner, devant le tribunal de grande instance de Paris, Michael Jackson et Rihanna pour plagiat et leur réclame au total 500 000 € et le versement de ses droits d'auteur. L'affaire sera plaidée ultérieurement devant les juges du fond.

Marion Obam

http://www.quotidienmutations.info/fevrier/1233882507.php

Plagiat : Tim a eu raison sur Missy Elliott



L’ex-chanteur du duo Tim et Foty vient d’avoir gain de cause sur l’affaire de plagiat qui l’opposait depuis plus d’un an à la reine du R’nb américain.

«Misdemeanor », « La malfaisante » - c’est le surnom de Missy Elliott - a eu tort de plagier le titre « Douala by Night » de Jean Marie Tiam, alias Tim du duo Tim et Foty qui fit fureur entre 1977 et 1982. Et, par le biais de sa maison de disque, elle l’a reconnu le 15 janvier dernier aux Etats-Unis, au bout d’un arrangement à l’amiable entre les conseils de l’artiste camerounais et les représentants de la hip-hopeuse américaine. Missy Elliott s’engage à verser une somme d’argent subséquente au chanteur, en guise de compensation financière. Ensuite, il est conclu que tous les revenus découlant de ce titre seront désormais partagés entre le chanteur camerounais et la chanteuse.

« Douala by Night », le titre original par lequel le scandale est arrivé, sorti en 1978, a été repris dans ses notes de guitare basse notamment à 70% dans le titre « Dog in heat », du disque « So Addictive » de Missy Elliott sorti en 2002. Selon un rapport de l’étude comparative de la Sacem (société française de droits d’auteur). Dans ce titre d’ailleurs, la rappeuse effectue un featuring avec les rappeurs Method Man et Red Man.

« Je voulais transformer Douala by Night en R’nb. En studio, les musiciens me disent que la chanson ne m’appartient pas, mais plutôt à Missy Elliott. Stupéfait, j’ai eu recours en 2007 à la Sacem qui a effectué une étude de trois mois qui a confirmé que j’ai été plagié à 70%. Ce qui est une fourchette considérable pour entamer une démarche », raconte le chanteur. Un éminent avocat parisien intéressé par la procédure, lui conseille d’aller l’engager aux Etats-Unis. « C’est le chanteur camerounais Gino Sitson, à qui je dois beaucoup sur cette affaire, qui me conseille l’avocat qui avait défendu la nigériane Sade sur une affaire similaire, un certain Peter Allan », ajoute-t-il.

Les tractations, qui ont commencé à partir de mars 2008 connaîtront leur dénouement le 15 janvier dernier. Sur la somme d’argent qu’il a reçue, Tim préfère ne rien en dire, même s’il reconnaît que « ce n’est pas mirobolant », et que « ça valait la peine ». Même si pour lui, ce n’est pas tant l’argent qui importe ici. « Quand une artiste de cette renommée vous plagie, c’est un honneur. C’est la preuve que ce que vous faites est apprécié. Ça peut faire remonter votre cote », estime-t-il.

Jean-Marie Tiam, basé en Aveyron en France a même proposé à la maison de disque de Missy Elliott, par le biais de son avocat, des chansons qui pourraient être chantées par les musiciens de ce label. Le célèbre duo Tim et Foty auquel a appartenu Jean Marie Tiam a été, avec les albums « Help » ou « Eda » en tête des meilleures ventes de disque au Cameroun et en Afrique au tout début des années 80. La grande maturité de leurs compositions et leurs voix de tête originales auront bouleversé à cette époque, la musique africaine.

Alain TCHAKOUNTE

http://www.cameroon-tribune.net/article.php?lang=Fr&oled=j06022009&idart=98218&olarch=