jeudi 20 novembre 2008
Yaoundé : Le pessimisme citadin de Youmbi
Ce peintre autodidacte présente une fresque sur ce thème jusqu'au 23 novembre prochains.
Plus que quelques jours et le rideau tombera sur cette nouvelle exposition d'Emile Youmbi au restaurant L'awalé sis au quartier Hippodrome. Une fresque de quinze tableaux dont la constance semble être la vitalité qui caractérise les personnages ainsi mis en scène. On peut en effet y voir des formes humaines dans une déambulation qui questionne. De la "Basse cour" au "Passage clouté", on subodore cette vitalité sans laquelle la vie n'est pas possible dans les villes, et pas seulement en Afrique.Une déambulation qui laisse aussi apparaître l'individualisme et la solitude des citadins.
Qu'ils soient employés de "Call-box" ou travailleurs à la "Sauvette", le sort du voisin semble ne pas les intéresser, du moment où ils peuvent vivre sans. Et cette attitude bruit de la complexité qui est celle des citadins. Une complexité qui ne les empêche cependant pas de s'arrêter un instant sur ce "Fo trottoir" où ils peuvent se délecter d'un spectacle comme savent leur en donner les "Nanga boko" qui peuplent les rues au vu et au su d'une société pour laquelle ils semblent être des rebuts. L'autre constance qui s'échappe de cette fresque réside dans la couleur blanche qui traverse presque tous les tableaux. L'on cherche en vain le fil conducteur et la symbolique de ce choix au finish heureux.
Tant les couleurs sombres l'étouffent et la chevauchent pour donner au final, une coloration hachée au strict plan de l'usage des couleurs. Une couleur blanche qui sert parfois d'accoutrement aux personnages souvent en guenilles ou dénudés. Pessimisme ? Sans doute. Même si dans "Uniformes", on entrevoit enfin l'expression des visages qui fait la part belle à un sentiment à l'opposée de la tristesse, sans que ce soit pourtant la joie véritable. Des visages que l'auteur a sans doute délibérément choisis de ne point faire cas dans sa création ainsi exposée. Contribuant à faire croire au visiteur que la ville où la fresque semble avoir puisé son inspiration, n'est qu'un espace où la joie de vivre a disparu, où la richesse la plus abjecte écrase une misère qui persiste à se faire voir.
C'est du moins ce que renvoie un thème comme "Fo trottoir". Avec "Attitude", le ton semble même plus grave, tant il présente une sorte de pagaille où même l'animal s'invite à la partie. Le tout dans un foisonnement désordonné qui exhale un parfum quelque peu nauséeux. Au restaurant l'Awalé, une idée heureuse a permis de localiser cette exposition sur deux espaces qui ne se communiquent point entre eux, mais qui permettent de mesurer le bonheur qu'il y a de la parcourir avec un certain détachement et une pause qui invite à la méditation. Car ces "Regards colorés" suscitent une réflexion sur le devenir de la ville. Elle qui attire toujours plus de monde sans donner l'impression de supporter l'explosion démographique qui en est le corollaire et dont la maîtrise semble relever du casse-tête, comme le montre à suffisance l'actuel remodelage de la capitale camerounaise.
Parfait Tabapsi
http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1227194559.php
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire