mardi 11 novembre 2008

Festi-Bikutsi : Les stars de 2008

Après le succès incontesté de l’ édition 2007, c'est avec beaucoup d’espoir que la 10ème édition a débuté hier, au Camp Sonel de Yaoundé. Alors que les journées seront consacrées aux débats et formations autour de ce rythme, des soirées chaudes sont annoncées. En voici les acteurs…
Ange Ebogo Ebogo Emérent
Depuis " Enying Bibon " son tout premier album enregistré en 1979, Ange Ebogo Emerent a su garder son identité artistique. Une identité dont plusieurs émules sont aujourd'hui des vedettes révélées du style bikutsi. Tonton Ebogo, son propre rejeton, Aï Jo Mamadou, K-Tino et autres Ama Pierrot se revendiquent de cette école. A son actif, une bonne vingtaine d'albums sortis parmi lesquels, des titres désormais inscrits dans l'inusable répertoire des grands classiques du genre. Aujourd'hui âgé de 56 ans, il reste très consulté dans le milieu artistique camerounais pour des collaborations et même dans le cadre de la gestion de la chose culturelle nationale. Sa participation à cette 10è édition du Festival des musiques bantoues reste une occasion pour les admirateurs et une véritable aubaine pour la jeune génération de se rapprocher de l'excellent parolier et compositeur réputé qu'il a su rester.

K-Tino
" La femme du peuple ", " la mater ", "maman bonheur ", les petits noms ne tarissent plus pour désigner Catherine Edoua alias K-Tino. Son excentricité et son amour pour la provocation verbale ont largement participé à asseoir sa notoriété. Une notoriété qu'elle doit aussi à la grande qualité de ses compositions et de ses arrangements. Pour cela, elle a toujours su s'entourer pour ses succès : Ange Ebogo, Tino Barroza " le guitariste fou " ou encore le très regretté Epemé Théodore alias Zanzibar. Au côté de ce dernier, puis des " Zombis de la capitale ", elle a appris. Elle sera définitivement révélée en 1991, avec la sortie de son tout premier tube " Ascenseur ", véritable succès qui l'installe aussitôt sur le pinacle. Et, jusqu'à " 7è ciel " paru en 2007, K-Tino s'est illustrée par cette constance dans le style musical et les thèmes abordés.

Aï Jo Mamadou
Il est incontestablement le meilleur porte-flambeau de la chapelle bikutsi de ces dernières années. Six albums enchaînés depuis " Amour à 100% " en 1995 à " Action Réaction " paru en 2006. Ses atouts, un rythme à la fois enlevé et savamment chaloupé, des textes pleins de sagesse ancestrale et surtout, des chansons que " le Lion blanc " laisse macérer bien longtemps en cabarets avant parution. Sala Bekono et Messi Martin sont restés ses phares en matières de composition. Une belle expérience acquise auprès des non moins illustres "Zombis de la capitale", une véritable dream team du bikutsi, en son époque. La prochaine galette est goupillée, il n'attend plus que le "moment opportun " pour sévir. Mais déjà, tendez l'oreille pendant le festival…

Lady Ponce
La sortie de "Confessions", son dernier album, a été qualifiée de hâtive par la critique, même si cet opus fait un véritable malheur. Ses titres Moan Yesus, Trahison ou encore Toi et moi sont venus étouffer le précieux "Le ventre", prologue musical qui a si bien introduit la nouvelle princesse dans la grande cour. Sa mère, animatrice attitrée de tous les rassemblements dans son village Akono, entraînait la petite Rufine, sa fille, à toutes ses prestations. Résultat, deux albums profondément empreints d'une culturelle ruralité, aussi bien dans les textes que les harmonies. Proverbes et autres sagesses populaires, côtoient mélodieusement des thèmes plus urbains tels des rencontres de bars, le téléphone cellulaire ou d'autres plus généraux tel les déceptions amoureuses.

Majoie Ayi
A seulement 27 ans et un album: " Origines ", Balbine Sylvette Majoie Ayi Bekono, la petite mvele impose un courant plutôt dynamique du rythme de la forêt. Retour aux sources en ce qui concerne les harmonies et les différents courants musicaux exploités. Elle se sert aussi habilement de la richesse de ses traditions que de la musicalité même de la langue bantoue, pour mettre en éveil tous les sens. L'expérience accumulée dans les cabarets depuis 1999 aux côtés d'illustres aînés et notamment de K-Tino, sa maîtrise en linguistique à l'université de Yaoundé I, ne sont sans doute pas étranger à ce profil d'une carrière qui s'annonce bien prometteuse.

Tonton Ebogo
Sans aucun doute, il est né sous la bonne étoile…sous le bon toit, serait-il mieux de dire. La " Voix d'ange " ou le fils de l'autre si vous préférez, n'a suivi qu'un chemin, le chemin. Son parcours parle d'ailleurs pour lui. Initiation à la guitare par papa. Ronde des cabarets et des studios à la guitare solo. Tournées nationales et internationales au sein de plusieurs formations et pas des moindres : Les Têtes Brûlées de Jean Marie Ahanda ou encore Le Quartier Poto Poto de K-Tino. Nkodo Si Tony, Eboué Chaleur, Ntondobe ou encore Hoïgen Ekwalla de regrettée mémoire, ont bénéficié entre autres, du doigté de ce jouvenceau de 31ans. Après le succès de son premier opus "Maman Odile ", Tonton Ebogo refait l'actualité depuis quelques semaines avec la sortie de " Zéro la vie ". Un album qui se danse déjà, à toutes les sauces.

Ama Pierrot
Sportif de haut niveau (médaillé olympique en natation aux jeux africains en 1987 au Kenya), des années de comédie aux côtés du très regretté Jean Miché Kankan, Marcel Ama Ngoa est musicalement issu d'une école où, Messi Martin, Ange Ebogo ou Atébass ont tour à tour fait l'enseignant. Son répertoire va donc se constituer d'Ozima et d'Ekang. La dernière de ses six réalisations, "Ingratitude" est toujours très demandée, meublant une attente que pourrait bientôt abréger, la sortie d'un nouvel album. Côté look, l'éternelle coiffure punk a cédé la place à une coupe plutôt basse et défrisée. Sur une scène, le père du " Korom korom " sait toujours apporter l'étincelle nécessaire à un bon spectacle.

Bisso Solo
La grande vague du " pédalé ", toutes tendances confondues, a fait bien des victimes mais aussi, a révélé moult talents. Bisso'Solo Tao tao fait partie de la gamme des révélations. Né Edzengte Abanda Norbert Stève, le " Lion d'Esse " tourne très tôt le dos aux études pour se consacrer entièrement à la musique. En duo avec un certain Opick Zorro très tôt disparu, il est de ceux qui animent le relookage du Bikutsi dans le début des années 1990. Dans cette quête de révolution, Tao tao revisite des courants tels que l'Essani exécuté pendant les rites funéraires. Son inclinaison pour le scabreux et le social piquant fait la particularité de sa musique. Son dernier album intitulé " Tremblement de cœur ", fait l'unanimité. Véritable show man, Bisso'Solo passe pour être celui qui communie le mieux avec le public pendant les spectacles. Le public du Festi Bikutsi saurait à coup sûr en profiter.

Patou Bass
Son jeu de basse est certainement des plus réputés et des plus prisés de la planète bikutsi. Pour ses arrangements aussi, la file commence à s'allonger. Il est sollicité le petit, mais déjà bien assis, Sylvain Jonathan Efam, alias Patou Bass. De Henri Minko son oncle et mentor, aux Maquisards le groupe au sein duquel il s'est révélé au côté d'un certain Josco l'inquiéteur, Patou s'est initié, édifié, et aguerri auprès de Fam Ndzengué, Racine Sagath, K-Tino ou Bisso'Solo. Le deuxième épisode de sa carrière solo s'est peut-être avéré moins incisif que le premier, mais le damoiseau reste en bonne position sur l'échiquier musical national.

Ledoux Marcellin
Voilà un fils de pasteur, originaire de l'Ouest Cameroun, terre de respect et de pudeur, qui parle des choses que font cousins et cousines dans les cuisines. Très bien intégré dans la communauté bikutsi, Ledoux Marcellin marque de sa jeune empreinte, l'histoire de la musique camerounaise. Son école, il l'a faite dans la ronde des cabarets, sur la scène ou les studios, en compagnie de Papa Zoé, Sergeo Polo, Tanus Foé et même K-Tino. Sa toute première aventure solo " Reviens ma poupée ", est une belle synthèse de toutes ces expériences.

Black Roger's
De son Ces de Yokadouma au sacre de son désormais célèbre titre " La route ne tue pas ", Olah Anega Alexis Roger alias Black Roger's a été tour à tour, "Ange musicien" avec Archangelo de Moneko, membre successif de la toute première escouade de l'orchestre nationale, de la police nationale puis, de la musique de la gendarmerie nationale en 1983 avant de s'envoler pour l'Afrique de l'Ouest. De 1984 à 1990, il tournera donc entre le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Bénin et autre Togo. Le tournant de sa carrière reste sans aucun doute, la participation au concours de la Francovision avec le titre " La route ne tue pas ". Verdict, premier prix. En tout, l'homme raflera pas moins de dix huit récompenses nationales et internationales avec ce single. Il se résout définitivement à en faire un album, son premier, en fin 1994 incluant l'autre tube, " Kondengui ". Depuis, quatre autres albums ont suivi, mais avec un retentissement moins glorieux. Seulement, une chose qui reste sûre c'est que le gars est resté homme de show.

Véronik Facture
La reine du "Simatongo", sera bel et bien au menu de la 10è édition du Festi Bikutsi. Véritable déménageuse sur scène, Véronik Fack est maîtresse dans l'art de soulever les foules. Après des débuts dans la chorale de son village, Véronique Ebogo de son vrai nom, s'est aguerrie en se frottant aux plus grands, à travers les chœurs et multiples spectacles. L'école des cabarets, elle l'a faite sienne. Ce qui lui vaut aujourd'hui la reconnaissance d'un public avide de beaux spectacles. Quatre albums dont un certain "Ambassadeur" et surtout le Prix du meilleur espoir féminin des RTS Awards remporté en 2004. Les thèmes abordés sont un éventail de sujets tirés de la réalité quotidienne. Les querelles ménagères, la duplicité, le rapport avec l'argent, tout y passe.

Déesse Bintou
Sociétaire des "Femmes génies de la Lékié" avec qui elle a déjà commis deux albums, Déesse Bintou se fait porte parole des traditions étons. Sa lutte pour la revalorisation de la danse Kam, chère aux natifs de la Lékié est devenue sa principale raison d'exister. Ancienne "martienne" dans la formation que dirigeait un certain Mvondo Atéba dit "Atébass " dans les années '90, Déesse Bintou fut par ailleurs sociétaire de l'Ozima system de M Ebogo Emérent. Son troisième album solo a connu les participations de Tonton le fils de l'autre, Patou Bass et Lina Show, sous les arrangements du père Ebogo. Le Festi Bikutsi sera en outre, l'occasion de le présenter au public.

Boby Black
Un chorégraphe est vite passé devant le micro pour donner de la voix. C'est ainsi qu'on peut résumer les débuts de carrière de Boby Black né Menga Owoundi Benjamin. Les plateaux de la CRTV notamment de l'émission Délire ou encore le groupe Azik seront ses premiers terrains d'essai. Aujourd'hui, les principaux temples du bikutsi l'accueillent sur leurs planches dans le registre de chanteur. A son actif, deux albums où il traite d'éducation, de corruption ou d'amitié. Deux produits de bonne facture qui se vendront à coup sûr très bien pendant ce festival.

Akim Kondor
Ils ont osé malgré l'importance du défi. Se faire un trou sur la scène musicale camerounaise avec un album entièrement reposé sur l'instrument traditionnel. Et pour le cas d'espèce, le balafon a été le support utilisé avec au final, un bon accueil du public. Expérience concluante serait-on tenté de dire, d'autant plus que, depuis la sortie de cet album, le groupe enchaîne les spectacles, aussi bien en interne que sur le plan international. En outre, le balafon est de plus en plus sollicité sur toutes les pistes de danse, boîtes de nuits, cabarets et célébrations privées confondus. Mvondo Essengue alias Akim Kondor et sa bande ont donc beaucoup plus besoin d'un environnement professionnel, pour un meilleur rayonnement de leur produit.

http://www.quotidienmutations.info/mutations/nov08/1226389088.php

Aucun commentaire: