jeudi 29 janvier 2009

Arsène Beyene : Marier l'art et les études

Le conteur et comédien rêve d'être un opérateur culturel tout en poursuivant ses études.

A le voir déambuler dans les rues de Yaoundé ou deviser avec des connaissances, on a comme l'impression qu'il joue l'acteur tout le temps. Lui qui avoue avoir pour ligne de conduite "d'être toujours souriant" quand il est avec son prochain. A tel point que plus d'un se surprend souvent à quêter le moindre moment où il pourrait flancher et se laisser gagner par la lassitude de la vie ou l'énervement que l’existence sous les tropiques sait en fournir à leurs habitants.

Cette joie de vivre, Arsène Beyene, 30 ans, l'a toujours lue. Lui qui a connu une enfance des plus ordinaires dans la localité de Monatélé. Une bourgade pas loin de Yaoundé où il est allé à l'école comme tous les enfants de son âge très tôt et où il dit avoir attrapé le virus de la comédie en classe de 4è. "J'ai été attiré par le théâtre parce que j'aime beaucoup m'amuser. C'est pour cette raison d'ailleurs que je n'ai pas hésité à postuler pour un rôle à la première occasion". Une occasion qui s'avèrera par la suite payante puisque non seulement il est reçu à cette tentative, mais aligne dès ses premiers pas sur les planches les encouragements de ses encadreurs et l'admiration du public.
Un début de renommée qui ne lui monte pas à la tête puisqu'il poursuit avec bonheur ses études sans anicroche jusqu'à l'obtention de son bac. Avec tout de même des souvenirs heureux à la clé : "Je me souviens toujours de ce concours de déguisement que les responsables avaient lancé alors que j'étais en Tle. Pour l'occasion et pour faire un peu original, je m'étais déguisé en femme. Ce qui m'a permis de rafler le premier prix et par la suite de faire un spectacle d'adieu au lycée".

Il rejoindra par la suite Yaoundé où il prendra une inscription au département de psychologie de l’ université de Yaoundé I (uyI). Où il prendra aussi langue avec le Théâtre universitaire plus au fait de son lustre d'antan. N'empêche qu'il y continuera son apprentissage à l'ombre de quelques anciens. Mais c'est en croisant la route d'un ancien de cette écurie qu'il s'affirmera et diversifiera son art. "C'est en effet Alex David Longang qui m'a invité très rapidement à travailler avec lui. A ses côtés, j'ai beaucoup appris. Avec d'autres, il m'a convaincu que je pouvais ajouter le conte à mon répertoire d'artiste, vu que c'est un genre proche de l'art scénique qu'est le théâtre".

Une nouvelle casquette qu'il travaillera à asseoir et que les deux dernières éditions du festival des moments conte et du patrimoine (Festmoc-P) permettront de consacrer. Dans la foulée, les sollicitations vont suivre et il va se retrouver à animer dans les écoles, être invité à des spectacles privés, et participer aux "contes en bibliothèque" du Centre culturel François Villon de Yaoundé (Ccfvy). Un espace qu'il a retrouvé la semaine dernière à l'occasion de l'événement "Trois jours au théâtre" goupillé par son mentor Alex David Longan. Le mvet en main et le verbe haut, il a donné à voir de son talent dans une interprétation remarquée de "La forêt illuminée" de Gervais Mendo Ze.

Mais pour l'instant, le rêve de celui qui vient de décrocher une maîtrise en psychologie à l’uyI c'est de "devenir un opérateur culturel, c'est-à-dire de détecter et promouvoir des talents qui se trouvent aux quatre coins de notre pays et qui sont très souvent frustrés". Un rêve qu'il compte par-dessus tout accomplir malgré les pesanteurs nombreuses dont la moindre n'est pas la récente fermeture du cinéma-théâtre Abbia qui est "aussi un espace pour des spectacles". Un rêve qu'il compte accomplir en travaillant d'arrache pied, lui qui ne s'avoue jamais vaincu et qui compte poursuivre dans le même temps ses études. Car "l'un n'empêche pas l'autre", commente-t-il.

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1233192986.php

Bassek ba Kobhio : Je rêve d'une culture populaire et élitiste


Le président général de l'association " Ecrans noirs " parle de sa vision pour la culture en 2009 et de la dernière édition du Fenac.
Depuis quelques années, l’activité cinématographique souffre au Cameroun. Le clou est la fermeture des salles de cinéma. Qu’en dites vous ?
L'Etat a son rôle à jouer. Il y a quelques années, j'avais fait quelques propositions pour que certaines personnes fédèrent leurs actions autour du cinéma Abbia pour qu'on le relève. Le problème c'est que l'organisation de l'actionnariat du cinéma Abbia fait qu'il est difficile pour quelqu'un ou pour l'Etat de venir, étant donné que la salle est la propriété d'un individu ou d'un groupe, en l'occurrence Monsieur Fotso Victor. Cinenews qui gère la distribution veut bien ouvrir son capital, mais il sera difficile pour quelqu'un de mettre de l'argent si les murs n'appartiennent pas à Cinenews. Une expérience similaire de laquelle sort d'ailleurs Cinenews a échoué au niveau de l'Afrique, parce qu'une société montée par le groupe Cfao n'avait pas les murs de ses cinémas. Aujourd'hui on se retrouve avec le bailleur Fotso qui scelle la salle parce que la société qui apporte les films n'arrive pas à payer le loyer. Ce qui est triste c'est qu'au Mali, le groupe Fotso a construit une très belle salle là-bas, le Babemba, qui est l'une des plus belles salles d'Afrique et qui marche parce qu'elle est belle et attrayante, avec une belle image et un bon son, et que par conséquent les gens y voient des films très intéressants, alors qu'elle est gérée par les mêmes propriétaires de Cinénews.. Pourquoi le feraient-ils bien ailleurs et pas au Cameroun, alors que le pouvoir d'achat est plus fort ici que là-bas ? Quant à votre deuxième question, on ne peut pas imaginer que dans un pays comme le nôtre, le gouvernement ne puisse pas s'impliquer dans un secteur comme celui-là, celui de l'exploitation et de la distribution cinématographique. On ne doit pas considérer le cinéma comme une marchandise comme les autres. Il a un rôle d'information, de formation et d'éducation et je crois que le gouvernement a totalement son rôle à jouer dans cette affaire.

Doit-on comprendre que vous parlez du ministère de la Culture?
Quand je parle du gouvernement, je le prends au sens très large. Je veux parler d'Etat. Le ministère de la culture certes, mais la municipalité par exemple a son rôle à jouer. Comment est-ce que le maire de Yaoundé va accepter qu'aucune salle de cinéma n'existe dans sa ville ? Il y a des choses qui font une ville. Une ville ce n'est pas que des routes bitumées, des espaces verts. C'est aussi des espaces de spectacles et des espaces de vie. Quand la mairie va casser au Carrefour Bastos à Yaoundé parce que, dit-on, la nuit ça devient un lieu où sévit le banditisme, je dis : construisez pour ces jeunes des espaces culturels dans lesquels ils se retrouvent. C'est des salles de cinéma, des lieux de spectacles, ces choses qui font qu'il y ait une activité culturelle saine qui les draine. Par ailleurs, il n'y a pas que le cinéma. Quand on va fermer le cinéma théâtre Abbia, ça signifiera que les concerts seront organisés où ? Au palais des congrès ? C'est une possibilité mais ça ne peut pas être la seule. Il faut une implication du gouvernement et de la municipalité qui font que ce secteur qui est rentable mais qui demande à être soutenu au départ soit protégé.

Vous n’avez pas empéché que la capitale s’ouvre au commerce. Alez-vous recommencer avec Abbia?
Vous savez ce qui se passe au Cameroun. Vous réussissez à convaincre un ministre qui engage un combat, et il suffit qu'il y ait un remaniement pour que six mois plus tard, les choses changent et que cette décision soit invalidée parce que le nouveau ministre ne se sent pas lié par cette décision. Le plus scandaleux c'est qu'au départ, ce n'est pas Mahima qui aurait dû s'installer dans les locaux du capitole mais plutôt une société espagnole de salles de jeux! C'était presque signé et on a réussit à bloquer. Ils sont repartis et plus tard, les autres sont venus grenouiller dans l'affaire et Kadji a réussi à faire ce qu'il voulait.

Au Fenac 2008 à Maroua le cinéma n'a presque pas eu de place…
Dans un festival comme celui-là, tous les arts veulent s'exprimer. Beaucoup de gens pensaient qu'un festival culturel c'est un festival de musique donc, la sonorisation qui était là pour la musique et les autres arts ne l'a pas été toujours pour tout le monde. Dès 18h on faisait la balance musicale sur le grand podium. Il a fallu se battre pour que dès le deuxième jour les gens de la musique laissent quand même un film passer. C'était un problème de programmation. Puis le troisième soir, les danseurs Gourna qui auraient dû passer dans l'après midi mais qui n'ont pas eu cet espace ont démarré à 19h. C'est aussi ça une fête des artistes. Nous nous sommes dits qu'après le Fenac, nous aurions quelques jours pour faire des projections grand public dans la province. Ce qui a été fait et elles ont eu un grand succès. C'était un foisonnement culturel énorme. Je reste convaincu que les populations de l'Extrême-Nord ont été contentes de vivre ces moments de foisonnement artistique, y compris les projections de films.

On vous connait souvent éloigné des manifestations du Mincult. A Maroua vous étiez presqu’ataché de Presse ?
Il se trouve que la veille de mon départ pour l'extrême nord où je devais exclusivement m'occuper de cinéma à la demande de la ministre de la Culture , puisque je ne faisais pas partie du comité national d'organisation, madame le ministre m'a dit qu'il y avait des secteurs dans lesquels elle voulait que je m'implique C'est comme cela que je me suis retrouvé à travailler avec les personnes en charge de la communication. Et puis, madame Ama Tutu Muna m'avait avant cela entretenu de ses projets en matière de culture. J'y ai cru, et c'est pour cette raison que j'ai décidé de me lancer à ses côtés. J'ai travaillé avec plusieurs ministres de la culture et il y a des moments où il y a eu beaucoup d'incompréhensions, mais à la fin de leurs parcours, nous étions tous en de bons termes. Il y a des gens qui vous emmènent non seulement à adhérer mais à mettre la main à la pâte. C'est ce qu'elle a réussi à faire avec moi. Quelques mois avant que je ne quitte ce qui était à l'époque le ministère de l'information et de la Culture, j'ai beaucoup travaillé avec Henri Bandolo. Il me faisait rêver parce qu'il avait des idées et des projets toutes les deux minutes. Je me souviens que lorsqu'il est revenu des sept d'or en France, à peine était-il arrivé à l'aéroport qu'il m'a appelé. Il souhaitait qu'on organise une manifestation similaire au Cameroun. J'en étais réjoui. C'est comme cela que sont nés les épis d'or qui ont, malheureusement, été la première et unique manifestation au cours de laquelle on avait distribué pour près de 30 millions de prix. Il y avait des musiciens, des cinéastes, des journalistes… Avant, il avait fallu regrouper les artistes sur une même scène. C'est ainsi qu'est né le Festac, ancêtre du Fenac.
Et voilà une dame qui vient diriger le ministère de la Culture et qui me dit ses rêves pour la Culture camerounaise. Elle veut que la culture camerounaise se vende au niveau du monde, qu'elle se donne à voir partout… je suis séduis par le fait qu'elle ait un projet et forcément, on rêve avec elle, même si on n'est pas d'accord sur tout. Sa façon de s'impliquer dans l'organisation des évènements, à l'image de l'hommage à Anne Marie Nzié, m'a également convaincu que je pouvais travailler avec elle. Je l'ai fait avec le Fenac. Quelques personnes l'ont lâchée en cours de route pour diverses raisons, et j'ai pensé qu'il était temps que je lui apporte ma contribution.

Malheureusement le rêve de Maroua a viré, pour certains, au cauchemar …
Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Il est vrai qu'elle est loin de moi l'idée selon laquelle tout a été parfait. Seulement, je pense que le Fenac, tel qu'il a été fait, a été une réussite et il ne peut pas s'évaluer totalement maintenant. C'est lorsque les artistes vont commencer des carrières internationales du fait de leur passage à Maroua que l'on pourra faire le point. Quand je vois la difficulté de l'affaire et que je vois d'où elle est venue et où elle est arrivée, je pense que ce n'était pas évident.

Vous êtes très optimiste…
Maroua s'est retrouvé avec près de 500 artistes musiciens. Vous ne pouvez pas en quatre nuit faire passer 500 artistes. Le premier mécontentement a été que tout le monde pensait qu'il allait passer. Quand on fait un festival de la culture et qu'on invite des artistes ça ne signifie pas que tout le monde va prester. Ils ont quand même réussi l'exploit au ministère de faire jouer 30 artistes par jour ça fait quand même 120 personnes. Pour les problèmes de logement, il faut se rappeler que Maroua n'a pas une grande capacité hôtelière donc, lorsque 3000 personnes débarquent, ce n'est pas évident.

Il y avait donc des précautions à prendre…
Oui mais quand on disait aux gens d'aller dormir au lycée, ils refusaient d'y aller.
Il n'y avait pas de matelas au lycée les deux premiers jours, rien n'avait été aménagé pour les y accueillir.
Je n'ai pas été au courant de tout. Ce que je sais c'est qu'on a acheté environ 1500 matelas. Si il n'y en a pas eu, ça signifie qu'il y avait plus d'artistes que prévu. Le ministère de la Culture devra prendre note de ces manquements pour pouvoir s'améliorer les prochaines années en espérant que la prochaine édition qui devra se tenir dans deux ans ne mettra pas sept autres années avant d'être organisée. Pour ce qui est du problème des transports, il y a eu des problèmes avec l'avion militaire. L'information passait si mal qu'on se retrouvait parfois avec des avions spéciaux à moitié pleins. Je pense qu'il faut encourager les personnels du ministère car pour la plupart, ils n'avaient jamais pris part ou organisé un grand festival.

Le budget total de ce festival était de 1 milliard 300.000Fcfa mais il y a encore des dettes que le ministère de la Culture devra régler. Comment vous qui avez pris part à cette organisation l'expliquez-vous?
Je ne suis pas au courant des détails financiers de ce festival. J'ai lu dans la presse que le budget était de un milliard et plus. La ministre l'a aussi dit je crois. Je sais que ça a beaucoup jasé à propos de l'argent de la sonorisation mais on s'est bien rendu compte que cette sonorisation a permis de faire rêver les populations de Maroua. Pour le reste, je ne suis au courant de rien, sinon que oui, il reste des dettes à payer. Je ne peux pas dire le contraire puisque nous avons-nous-même des factures non encore honorées. Mais je crois savoir que le ministère attend des paiements.

Quelle est votre vision de la culture pour 2009 ?
C'est une culture à la fois populaire et élitiste. Cela veut dire que dans l'animation artistique permanente, il faut des choses qui touche le grand peuple mais aussi qui élève ce peuple. La culture n'est pas forcément quelque chose du " quartier ". Si on a cette vision-là, on pense qu'à partir de ce moment là, on peut commencer à bâtir. Il y a un problème dans notre pays aujourd'hui c'est parce que tout dépend en grande partie des ministres de la Culture. Comme en général nous n'avons pas trop de moyens, et que les municipalités n'ont pas encore compris la place qu'elles doivent jouer dans l'animation culturelle, il faut que le ministère de la Culture joue son rôle en attendant que les autres en prennent conscience. C'est pour cela qu'on a l'impression qu'il y a des moments ou il y a une intense activité culturelle et d'autres où rien n'est organisé alors que c'est pratiquement le même budget que le ministère de la Culture gère chaque année.

Pour ce qui est du festival Ecrans noirs que vous dirigez, une grogne des personnes primées s'est fait entendre il y a quelques mois… Avez-vous régularisé leur situation?
Il n'y a pas eu de grogne, il y a eu un seul lauréat pressé de recevoir son enveloppe qui a inondé tout le monde de mails. Dans presque tous les festivals du monde, les trophées sont remis à la cérémonie de clôture, les enveloppes suivent après. Au Fespaco, ça peut aller jusqu'à six mois, ça dépend de qui finance le prix. Nous avons mis au maximum 52 jours pour tous les prix. Avez-vous eu la moindre plainte depuis s'agissant de prix ? Nous avons quelques factures encore à régler dont le reliquat pour l'hôtellerie, mais ça dépend aussi du rythme de versement des subventions par nos partenaires.

Nous avons appris que Patricia ne fait plus partie de l'effectif des Ecrans Noirs ?
(Rires) Vous m'en apprenez, des choses. Ce matin encore, nous travaillions sur les projets d'affiche en concours. Pour être plus sérieux, Patricia n'a pas besoin de douze mois pour préparer et boucler les Ecrans Noirs. Six mois lui suffisent, et sa passion de la mode et de la couture, elle s'y consacre depuis toujours, mais elle va lui donner une dimension plus professionnelle à travers le label Moune. Alors pendant les six autres mois elle s'y consacrera un peu plus. Mais soyons sérieux, un jour viendra où moi-même ou Patricia nous devrons ou voudrons arrêter d'être de l'équipe. Cela ne voudra pas dire que les Ecrans s'arrêteront. Nous souhaitons que les Ecrans Noirs nous survivent. En attendant, nous sommes là, et de nouvelles et fortes réformes ont été engagées : nous allons avoir un conseil d'administration très fort, et Patricia passe de Directrice à Directrice Générale.

Et la société les Films Terre Africaine, il se dit que vous allez la fermer.
Vous avez de curieuses sources d'information. Les Films Terre Africaine, c'est autre chose que les Ecrans Noirs. C'est ma propriété, moi et les actionnaires. Je peux la réformer quand je veux, comme je veux, sans rien demander à quiconque. Il y a quatre ans, j'ai viré deux collaborateurs indélicats, et votre journal sur la base de leurs informations a écrit que nous allions fermer. Nous sommes toujours là, comme vous le voyez. Quand on est propriétaire de négatifs du " Grand Blanc", de " Sango Malo " ou du " Silence de la forêt ", et j'en passe, toutes les banques en Europe vous apportent de l'argent si vous en avez besoin. J'ai reformé au mois de juin dernier la société, j'ai réorienté ses activités vers la production de films lourds, ça veut dire que il y a un certain type de personnel dont je n'ai plus besoin. Pour pasticher un célèbre personnage, pour la mort des Films Terre Africaine, revenez dans 20 ans.

Propos recueillis par Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1233192272.php

A la rencontre Bellnoun Momha, auteur d'un dictionnaire Bassa - Français



Bellnoun Momha est auteur d'un dictionnaire Français - Bassa et Bassa - Français. Il s'est confié à Bonaberi.com.
Bonjour M. Bellnoun Momha, vous êtes l'auteur d'un dictionnaire Français/Bassa et Bassa/Français, préfacé par le feu Meinrad Hebga et publié aux Editions L'Harmattan. Pouvez-vous vous présenter aux internautes et nous expliquer ce qui a motivé la publication d'un tel ouvrage ?

Je suis un ancien élève de l’Institut d’Administration des Entreprises de Caen, chercheur et préside en ce moment l’Association pour la sauvegarde de la Culture Camerounaise (AS2C) à Paris.

Dans un monde comme le nôtre voué aux turbulences de la mondialisation et aux orages qu’elle prépare, il m’a a paru utile, voire indispensable, pour notre enracinement, celui de nos enfants et des générations futures d’élaborer un dictionnaire. Tel, il permettra non sans lacunes :

1- de nous réconcilier d’abord avec nous-mêmes, c'est-à-dire, d’amorcer en toute conscience le processus de désaliénation,
2- de lancer un pont entre les locuteurs du Bassa et le reste du monde,
3- que la langue Bassa soit bien maîtrisée, et qu’elle puisse nous amener à exprimer le langage des sciences comme disait Cheikh Anta Diop
4- enfin que la langue Bassa vienne s’ajouter en tant qu’élément de progrès et de joie à la grande famille des langues camerounaises.

Telles ont été mes motivations.

Quelle importance revêtent les langues traditionnelles dans le patrimoine culturel de tout individu, notamment en Afrique ?

La langue est le témoignage immortel d’un peuple. A partir de là, la nécessité de la conserver, de la faire évoluer pour diverses utilisations s’impose. Cela est valable non seulement pour les Africains, mais aussi pour tous les autres peuples du monde. Voilà pourquoi, je pense que nos langues devraient être non seulement au centre de nos préoccupations quotidiennes mais aussi au centre de notre patrimoine culturel. Elles doivent être une torche qui éclaire notre voie et une béquille qui nous permettent d’avancer lentement et sûrement vers nous mêmes.

Pensez-vous que les langues vernaculaires sont en déperdition dans notre pays et qu'il est urgent de prendre des mesures pour les préserver ? Si oui, quels types de mesures, des mesures terre à terre (politiques et surtout citoyennes), faut-il prendre selon vous ?

Tout d’abord, toutes les langues sont vernaculaires et véhiculaires. Je ne vois donc pas pourquoi seules les langues africaines seraient les seules à être rangées dans la catégorie péjorative de langues vernaculaires. Ceci dit, les écrire et les consigner dans des supports constitue déjà un pas positif. Pour ce qui est des mesures citoyennes à suggérer, nous pouvons par exemple demander aux autorités de décréter un jour dans l’année qu’on pourrait intituler «Journée de langues camerounaises ». Ce sera une bonne occasion de faire le point sur le sujet.
Cheikh Anta Diop, dans son ouvrage "Nation, Nègres et Culture", avait démontré que le wolof pouvait englober tout le spectre d'utilisation d'une langue dite moderne (utilisation courante, scientifique, politique, etc), le Bassa permet-il d'aborder un spectre aussi large de domaines ? Un mathématicien ou un physicien peut-il, par exemple, écrire un ouvrage scientifique uniquement en Bassa ?

A l’instar du Wolof ou du français, toutes les langues sont susceptibles d’être utilisées pour enseigner les mathématiques, la physique, la chimie, la géographie etc… à la condition unique de les maîtriser d’abord. Si toute langue est bien maîtrisée, elle peut être adaptée et amenée à exprimer le langage des sciences. Voulez-vous que je vous dise comment on pourrait dire par exemple (cinq puissance dix : bitan, u ma bédés gwo jôm li ndegi ). Il ne faut pas oublier que les emprunts sont parfois aussi une richesse pour une langue quelconque. Le mot « température » n’existe pas en bassa. Mais, par contre, nous connaissons et la chaleur, et le froid.

Pour finir, toujours dans le même ordre d'idées que celles de Cheikh Anta Diop, pensez-vous qu'on peut revenir totalement à l'utilisation des langues vernaculaires en Afrique en lieu et place des langues coloniales actuellement prédominantes comme langues nationales officielles dans la plupart des pays ?

La question du remplacement des langues coloniales n’est pas à l’ordre du jour en ce moment. Ce que notre association (Association pour la sauvegarde de la Culture Camerounaise : AS2C) essaie tout simplement de faire pour l’heure, c’est de donner la possibilité à chaque Camerounais et chaque Camerounaise d’apprendre, de parler, d’écrire et de maîtriser sa langue maternelle comme cela a été brillamment fait pour les autres langues étrangères telles l’anglais, le français, l’allemand, le chinois etc…. Une fois que nous aurons la maîtrise de nos langues, nous verrons désormais un peu plus clair et nous serons à même de juger, cette fois-ci, en toute conscience de la nécessité de tenter une telle aventure linguistique ou pas.

Pour acheter le livre :Cliquez ici

http://www.bonaberi.com/ar,cameroun_a_la_rencontre_bellnoun_momha_auteur_d_un_dictionnaire_bassa_-_francais,6000.html

samedi 24 janvier 2009

Musiques/Découverte Rfi :Les artistes camerounais ont souvent été primés.

C’est au Cameroun que la “ Radio du monde ” fête les 25 ans du prix Rfi Découvertes musiques du monde. Un choix qui est loin d’être anodin. Le pays de Manu Dibango, Richard Bona, Anne-Marie Nzié et autres Francis Bébey a eu par le passé plusieurs lauréats de cette prestigieuse récompense. Parmi les artistes les plus connus, Ottou Marcelin, primé en 1982, Charles Ewandjè l’année suivante ; mais aussi Sally Nyolo en 1997, juste avant Coco M’Bassi. Plus récemment, le groupe Macase a remporté le prix Rfi Musiques du monde en 2001. D’autres Camerounais dont les noms sont moins connus du grand public ont également été primés dans cette compétition musicale : Ambiana et Ikwé en 1988, en compagnie de Mohamed Bhar, un Tunisien, Thoko Mdlalose, un Sud africain, Beethova Obas le Haïtien et Sindirimba, du Burundi. Il en est de même pour Zogo, en 1985 ou encore Double K, l’année d’avant et Janet N’Diaye en 1981.
Les uns et les autres ont eu des fortunes diverses après l’obtention du fameux prix.

Sally Nyolo
Originaire du Sud du Cameroun, la chanteuse vit à Paris depuis l’âge de 13 ans. Elle a été remarquée comme choriste avant d’intégrer le groupe vocal Zap Mama. Mais, c’est en 1996 qu’elle se lance dans une carrière solo et en profite pour sortir un premier album. “ Tribu ”, le titre de l’opus, fait un tabac. Son succès est tel que Sally devient pratiquement incontournable. Auteur, compositrice, elle se nourrit des rythmes et des sons de sa région d’origine qu’elle interprète à sa manière. Elle puise son imagination dans les souvenirs de son enfance et chante en langue Eton, sa langue maternelle. Son nouveau grand projet s’appelle “ Studio Cameroon ”, il est prévu pour la fin 2006. Il s’agit pour la chanteuse de présenter les jeunes artistes talentueux, avec lesquels Sally chante dans le seul but de promouvoir la culture du Cameroun. Elle a été aperçue au Cameroun à la mi-novembre à l’occasion d’un concert de bienfaisance au profit de la lutte contre le Vih/Sida à Douala.

Ottou Marcellin
Immense chansonnier, c’est aussi un acteur. Avec sa voix inimitable, sa manière unique de gratter la guitare et une présence remarquable sur scène, Ottou Marcelin est déjà un vieux routier de la chanson en Afrique. Le 30 août 2003, il a fêté ses 25 ans de carrière musicale. Avec sa guitare acoustique, il sème des mélodies impérissables chantées en français, Ewondo et Eton. Chanteur incontestable à textes, Ottou Marcellin a reçu la récompense de la Radio du monde dans le domaine de la musique en 1982, en compagnie du couple devenu célèbre Amadou et Mariam. Il avait alors 27 ans. Depuis, il est considéré comme l’un des chanteurs à textes engagés au Cameroun.

Le cas Macase
Le prix Découvertes Rfi dont on fête le 25ème anniversaire du 28 au 2 décembre à Douala au Cameroun, n’a pas fait que ouvrir les portes aux lauréats. Parfois, cette distinction a été source d’ennuis. Le groupe Macase, lauréat en 2001, en sait quelque chose. Constitué à l’origine de sept jeunes Camerounais qui s’expriment en valorisant la diversité du patrimoine culturel du Cameroun, le groupe ne cesse de se rétrécir. Deux des chanteurs du groupe ont décidé de tenter une carrière en solo en Europe. Faut-il y voir une des conséquences de l’affaire Macase-Sam Mbendè ? L’album de Macase primé dans le cadre du prix Rfi Découverte il y a cinq ans a été produit par Sam Mbendè qui avait considéré comme une félonie le fait que le groupe Macase se soit présenté à cette compétition sans l’avis de son producteur du moment. L’affaire, qui a fait grand bruit au Cameroun et dans le monde à l’époque, semble n’être qu’un mauvais souvenir aujourd’hui. La preuve, le président de la Cmc qui n’est autre que Sam Mbendè, n’a pas hésité une seule seconde à répondre favorablement à la programmation de Macase à cette 25ème édition du prix Découverte Rfi, quand la Radio du monde l’a approché à ce sujet : “ Je pensais à l’époque des faits que c’est un jeune groupe qui fait une musique originale et qui a besoin d’être bien encadré pour qu’il confirme tout le bien que nous pensions de lui. Malheureusement, ils ont voulu aller trop vite, ils ont cédé à la pression médiatique. J’ai l’impression qu’ils se sont assagis, qu’ils ont mûri ”, confie le président de la Cmc, partenaire du prix Découverte Rfi 2006. La musique du groupe Macase mélange R&B, rythmes et mélodies du patrimoine camerounais. Elu meilleur groupe espoir de l’Afrique lors des Koras Music Awards à Johannesburg, Macase fédère les espérances de toute la musique du continent africain. Mais, le fait qu’ils ne soient plus que cinq, contre sept au départ, témoigne de ce que pour ce groupe, le prix Découverte Rfi n’a pas eu que du bon.

Par Jean-Célestin EDJANGUE


http://www.camerfeeling.net/news/index.php?val=294_que+sont-ils+devenus+

Prix RFI Musique du monde : Laureate 1981 - Janet N'Diaye



Après avoir passé 5 ans au sein de l'ensemble national de danse de Yaoundé , la chanteuse camerounaise est entrée à Radio Yaoundé où elle a eu vent du concours RFI. Elle s'y est inscrite, sans trop y croire, et fut fort surprise d'apprendre de la bouche du président du jury, Francis Bebey, l'obtention du prix spécial du jury pour sa chanson "Mut'a Mbamba". Elle a enregistré depuis quelques cassettes pour le marché camerounais et s'est installée à Milan où elle se partage entre la chanson et l'artisanat du cuir.

http://www.mondomix.com/archives/mix_fr/decouv/events/rfi/main.htm

Possibilité d' entrer en possession de l' album M'bengè de Janet N'diaye :
http://www.groovecollector.com/item/1/0-181002-0-1-0/51548942/n%27diaye-janet-m%27bengue.html

mardi 20 janvier 2009

Pedro du Cameroun : C'est ma maquette qui est sur le marché

C'est la feuille de route des chantiers que s'est donnée la ministre Ama Tutu Muna pour l'année culturelle du Cameroun.
La cérémonie de présentation des vœux à la ministre de la Culture, Ama Tutu Muna, a eu lieu hier à l'esplanade de l'ancien palais présidentiel à Yaoundé. Cette cérémonie a été l'occasion pour le secrétaire général de ce ministère de se satisfaire des actions menées par le ministère de la Culture au cours de l'année 2008. La ministre Ama Tutu Muna a pour sa part profité de l'occasion pour présenter le programme d'action du ministère dont elle a la charge pour l'année 2009. Ainsi, on reparle de protection et de promotion du patrimoine matériel et immatériel du Cameroun. Il est suivi de l'annonce du lancement d'études architecturales d'envergure pour la construction d'une bibliothèque, d'une cinémathèque, mais aussi la reconstruction du Centre culturel camerounais, et la construction de l'Institut national des arts et de la Culture. Par ailleurs, la ministre de la Culture a fait cas de la signature "imminente" du décret d'application sur la loi sur les spectacles au Cameroun. Une annonce qui, on s'en doute, sera accueillie avec beaucoup d'optimisme ici et là.

Déjà en 2004 et alors que ce projet de loi était débattu à l'Assemblée nationale, beaucoup d'espoir avait gagné les acteurs du secteur de la culture. D'autant que plusieurs y avaient laissé des plumes. Le décret d'application de cette loi permettra à coup sûr de régir l'activité culturelle afin d'instituer des mécanismes qui assurent et garantissent le paiement effectif des droits aux artistes au titre de leur représentation.
Lors de son allocution, Ama Tutu Muna a précisé que les réformes engagées au niveau de la Société camerounaise de l'art musical (Socam) vont s'étendre aux autres sociétés de gestion collective du droit d'auteur. A ce propos, on se souvient que le 02 septembre 2008 dans une lettre circulaire adressée aux différents présidents des conseils d'administration (Pca) des quatre sociétés de gestion collective du droit d'auteur au Cameroun, Ama Tutu Muna rappelait déjà que "la révision des statuts, du règlement général, du code électoral et du régime indemnitaire intervenue récemment au cours de l'assemblée générale extraordinaire de [la Socam ...] commande une harmonisation des règles de fonctionnement au sein des quatre organismes de gestion collective du droit d'auteur et des droits voisins".

Ce jour-là, il a été décidé que les Pca ne sont plus les hommes-orchestre. En clair, ils ne sont plus impliqués dans la gestion quotidienne de l'entreprise alors que la composition du conseil est passée de 19 à 15 membres. L'indemnité mensuelle du Pca est désormais de 500.000 francs au lieu de 1 millions Fcfa. Les administrateurs n'ont plus d'indemnité mensuelle. Le directeur général de la société est désigné par le conseil d'administration après appel à candidature. Pendant les sessions du conseil d'administration, le Pca est rémunéré à hauteur de 240.000 Fcfa, son vice à 190.000Fcfa et les membres 150.000FCfa. Dans le même registre, Ama Tutu Muna a dit dans son adresse d'hier après-midi que des réformes seront faites sur la loi 2000 sur le droit d'auteur. Le comité mis sur pied par ses soins il y a quelques mois ayant rendu sa copie. Par ailleurs, en même temps qu'elle pense à revoir la structure de l'Ensemble national, Ama Tutu Muna poursuit sa politique d'ouverture. C'est dans ce cadre qu'elle annonce sa présence au festival des arts nègres au Sénégal. Cette cérémonie de présentation des vœux a également été le prétexte pour la ministre de remettre une médaille à l'inspecteur général du Mincult alors que les 12 meilleurs agents de ce ministère ont reçu des présents.

Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232421180.php

Avenir : Promotion, protection et constructions en 2009


C'est la feuille de route des chantiers que s'est donnée la ministre Ama Tutu Muna pour l'année culturelle du Cameroun.
La cérémonie de présentation des vœux à la ministre de la Culture, Ama Tutu Muna, a eu lieu hier à l'esplanade de l'ancien palais présidentiel à Yaoundé. Cette cérémonie a été l'occasion pour le secrétaire général de ce ministère de se satisfaire des actions menées par le ministère de la Culture au cours de l'année 2008. La ministre Ama Tutu Muna a pour sa part profité de l'occasion pour présenter le programme d'action du ministère dont elle a la charge pour l'année 2009. Ainsi, on reparle de protection et de promotion du patrimoine matériel et immatériel du Cameroun. Il est suivi de l'annonce du lancement d'études architecturales d'envergure pour la construction d'une bibliothèque, d'une cinémathèque, mais aussi la reconstruction du Centre culturel camerounais, et la construction de l'Institut national des arts et de la Culture. Par ailleurs, la ministre de la Culture a fait cas de la signature "imminente" du décret d'application sur la loi sur les spectacles au Cameroun. Une annonce qui, on s'en doute, sera accueillie avec beaucoup d'optimisme ici et là.

Déjà en 2004 et alors que ce projet de loi était débattu à l'Assemblée nationale, beaucoup d'espoir avait gagné les acteurs du secteur de la culture. D'autant que plusieurs y avaient laissé des plumes. Le décret d'application de cette loi permettra à coup sûr de régir l'activité culturelle afin d'instituer des mécanismes qui assurent et garantissent le paiement effectif des droits aux artistes au titre de leur représentation.
Lors de son allocution, Ama Tutu Muna a précisé que les réformes engagées au niveau de la Société camerounaise de l'art musical (Socam) vont s'étendre aux autres sociétés de gestion collective du droit d'auteur. A ce propos, on se souvient que le 02 septembre 2008 dans une lettre circulaire adressée aux différents présidents des conseils d'administration (Pca) des quatre sociétés de gestion collective du droit d'auteur au Cameroun, Ama Tutu Muna rappelait déjà que "la révision des statuts, du règlement général, du code électoral et du régime indemnitaire intervenue récemment au cours de l'assemblée générale extraordinaire de [la Socam ...] commande une harmonisation des règles de fonctionnement au sein des quatre organismes de gestion collective du droit d'auteur et des droits voisins".

Ce jour-là, il a été décidé que les Pca ne sont plus les hommes-orchestre. En clair, ils ne sont plus impliqués dans la gestion quotidienne de l'entreprise alors que la composition du conseil est passée de 19 à 15 membres. L'indemnité mensuelle du Pca est désormais de 500.000 francs au lieu de 1 millions Fcfa. Les administrateurs n'ont plus d'indemnité mensuelle. Le directeur général de la société est désigné par le conseil d'administration après appel à candidature. Pendant les sessions du conseil d'administration, le Pca est rémunéré à hauteur de 240.000 Fcfa, son vice à 190.000Fcfa et les membres 150.000FCfa. Dans le même registre, Ama Tutu Muna a dit dans son adresse d'hier après-midi que des réformes seront faites sur la loi 2000 sur le droit d'auteur. Le comité mis sur pied par ses soins il y a quelques mois ayant rendu sa copie. Par ailleurs, en même temps qu'elle pense à revoir la structure de l'Ensemble national, Ama Tutu Muna poursuit sa politique d'ouverture. C'est dans ce cadre qu'elle annonce sa présence au festival des arts nègres au Sénégal. Cette cérémonie de présentation des vœux a également été le prétexte pour la ministre de remettre une médaille à l'inspecteur général du Mincult alors que les 12 meilleurs agents de ce ministère ont reçu des présents.

Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232421180.php

lundi 19 janvier 2009

Droit d'auteur : Des répartitions enfin annoncées

Alors que la Socam les annonce pour demain, les autres corporations les programme pour la fin de cette semaine.

Ils avaient fini par ne plus y croire ! C'est finalement huit mois après la mise en place de la Société camerounaise de l'art musical (Socam) que les artistes, membres et adhérents, des différentes sociétés de gestion collective du droit d'auteur au Cameroun percevront de l'argent issu des organismes astreints au paiement du droit d'auteur, notamment la Crtv qui, il y a quelques semaines a fait une avance de 110 millions de francs Cfa pour l'année 2009. Quelques autres sociétés se sont également manifestées. Cet argent couvre la période allant de juin à décembre 2008. Alors qu'à la Socam on annonce des répartitions pour demain, mardi 20 janvier 2009, dans les autres sociétés de gestion collective du droit d'auteur on se contente d'annoncer des répartitions pour la semaine en cours ou celles à venir.

Daouda Mouchangou, le président du conseil d'administration de la Scaap, société chargée de la gestion du droit d'auteur chez les cinéastes, a confié, alors qu'on lui demandait le montant global de l'enveloppe attribuée à la Scaap lors de la répartition inter sociale : "C'est tout juste ce qu'il faut. Le gros de l'argent est revenu à la Socam et nous devons attendre que le comité chargé des répartitions les mettent au point car nous ne devons pas le faire à l'emporte pièce ". Du côté de la Socam, accusée par certains de vouloir distribuer de l'argent appartenant à la Cmc dont on a retiré l'agrément en juin 2008, on se veut rassurant. " Tous les artistes qui ont produit des œuvres qui ont été jouées recevront leur argent du moment où ils sont membres de la Socam. Un comité est mis sur pied pour veiller à cela ", annonce le chargé de communication de cette corporation d'artistes.

Médiation
Pour cette répartition tant attendue par les artistes, toute corporation confondue, quelques précautions ont été prises, annonce-t-on. En marge de la répartition intersociale, Adolphe Minkoa She, président de la Commission permanente de médiation et de contrôle (Cpmc) des sociétés de gestion collective du droit d'auteur a réuni vendredi le 09 janvier dernier les présidents des conseils d'administration et directeurs généraux des sociétés. A cette occasion, il a été rappelé à ces derniers que désormais, le principe de 30% et 70% serait respecté par les sociétés. Ainsi, plutôt que de se servir de l'argent reversé par les " petits usagers " pour le fonctionnement des sociétés, les responsables de ces corporations devraient utiliser 30% du montant qui leur est alloué pour leur fonctionnement et les 70% pour les répartitions aux artistes. Désormais, les fonds issus des perceptions auprès des grands ou petits usagers iraient directement dans le compte de dépôt spécial avant d'être redistribués aux différentes sociétés. Ces dispositions prennent effet dès ce mois de janvier 2009.
Par ailleurs, les sociétés sont désormais contraintes de faire fonctionner les différentes commissions statutaires mises sur pied dans les différentes sociétés (piraterie, identification et classification, répartition…). Seulement, impatients d'entrer en possession de leur argent, les artistes souhaitent voir ces résolutions appliquées avant d'y croire. Tant de promesses leur ont souvent été faites...

Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232340535.php

Danse : La vie se met en scène


La compagnie Poo-Lek a présenté son spectacle, "C'est quoi la vie ?", samedi dernier au Ccf de Yaoundé.
C'est quoi la vie ? Combien de personnes se sont-elles déjà posé cette question ? Combien en ont cherché la signification dans leur existence, dans le dictionnaire ou dans les propos des grands philosophes ? Et combien en ont eu la réponse ? Très peu sans doute. Ou jamais ! Il est fort probable que le public venu assister, samedi 17 janvier dernier, au Centre culturel français de Yaoundé (Ccf), au spectacle de danse contemporaine "C'est quoi la vie ?" de la compagnie Poo-Lek (Enfants du monde en langue bafang), spectacle mis en scène par la chorégraphe Gladys Tchuimo, n'ait pas non plus eu de réponse.

"On comprend que la vie, c'est rien ! Il suffit juste de vivre sans se poser trop de questions !" ; "C'est une lutte permanente et seuls les plus forts s'en sortent !"; "C'est faire preuve de solidarité, c'est la seule manière d'avancer" ont émis certains spectateurs à la fin de la représentation. "C'est quoi la vie veut simplement dire que la loi de la vie, c'est celle de la nature. C'est-à-dire que malgré son rang social, on peut se trouver au sommet de l'échelle et finir en bas un jour", explique Gladys Tchuimo, la chorégraphe et metteur en scène de la compagnie. Une réponse qui est loin d'avoir convaincu le public. Si au final, chacun est reparti avec les mêmes appréhensions sur le sens de l'existence, tous (ou presque) ont néanmoins réussi à saisir l'intrigue déroulée sur les planches du Ccf de Yaoundé.

Viol
"C'est quoi la vie ?" met en scène trois personnages. Trois individus issus de classes sociales différentes : "un enfant démuni, un homme aisé et une femme perdue", avance la chorégraphe. Pendant vingt minutes, le trio interprété par trois femmes (Gladys Tchuimo et les danseuses Nathalie Bogné et Félicité Manga) ont mené le public dans les méandres tortueux de la vie humaine, à travers une arabesque de mouvements saccadés, exprimant tour à tour la folie, la rage, le désespoir ou la mélancolie. Dans ces gestes, une impression se dégageait : la vie n'est jalonnée que de lutes : luttes pour la survie, lutte pour se défaire d'un destin fâcheux, lutte pour échapper à un adversaire machiavélique, comme ce jeune garçon de la rue qui se fait violer par des hommes riches.

Ces derniers étant convaincus de gravir les hautes sphères de la société en agissant de la sorte. Mais, ils finissent par devenir fous. "L'histoire retrace la vie de ces individus qui se cherchent et qui, en fin de compte, se retrouvent toujours à faire la même chose dans la vie : manger, boire, se retrouver nu…", affirme Gladys Tchuimo. Même si on a noté une certaine dysharmonie dans les mouvements d'ensemble, le spectacle n'a pu laisser personne indifférent, au regard de l'émotion véhiculée et des vivats qui ont salué la baisse du rideau. Créé en 2006, la pièce "C'est quoi la vie ?" a remporté un franc succès à la dernière édition du festival Abok i ngoma, ainsi qu'au Festival international du théâtre et d'arts plastiques (Fitap) de Lomé au Togo. Pour Gladys Tchuimo, ce spectacle est "l'aboutissement d'un travail acharné sur fond de sacrifices".

Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232340683.php

dimanche 18 janvier 2009

Détente : Tsimi Toro débarque à Carossel

Musique et théâtre se disputeront les scènes des salles de spectacles et cabarets de Yaoundé ce week-end.

Le week-end est là ! Déjà dans les cabarets, on s'active. La programmation se fait, l'orchestre maison répète et les artistes s'apprêtent à faire vivre des soirées chaudes et intenses au public. Alors que les cinéphiles seront sevrés de leurs projections quotidiennes au cinéma théâtre Abbia, celui-ci ayant étant fermé depuis quelques jours déjà, les amateurs de nuits chaudes passées dans les cabarets et boîtes de nuit auront l'embarras du choix. Contrairement aux cinéphiles qui n'auront que l'option du centre culturel français de Yaoundé ou une séance privée à domicile. Une possibilité qui les intéresse bien peu, la magie de la salle étant plus forte que la solitude de la maison.

Ainsi donc, les habitués des cabarets et autres espaces culturels essaimés dans la ville de Yaoundé ne mourront guère d'ennui. Que non ! A côté des spectacles offerts par l'orchestre maison du cabaret La Réserve à Etoa-Meki et le traditionnel "Podium stars" au Bois d'ébène sis à Elig-Essono, le public qui fera le déplacement ce vendredi 16 janvier au Cabaret Carossel à Kodengui, en aura pour son argent, au regard des artistes devant se produire sur scène dans la soirée. Déjà, avec Tsimi Toro qui passera par là, on imagine bien que, comme il est déjà de coutume à chaque passage de l'artiste, des postérieurs frétillants se feront voir lorsque l'artiste interprètera son titre à succès " Merci ". Majoie Ayi , quant à elle, a la ferme intention de faire paniquer les hommes, et pourquoi pas les femmes, avec son titre "Panik à bord ".
Ama Pierrot, Messi Ambroise, Patou Bass ont également la mission de faire monter les décibels, en revisitant certains de leurs tubes et, partant, de plonger le public dans un savoureux bain d'euphorie musicale. La troupe remettra d'ailleurs ça le lendemain, samedi 17 janvier, pour ceux des mélomanes qui en redemanderont sans doute, mais surtout pour ceux qui auront manqué le spectacle la veille…

Interpellation
De son côté, le Centre culturel français François Villon (Ccf) ouvre ses portes aux férues de rap ce vendredi dès 19h. Moyennant 1.500 Fcfa pour les adhérents et 2.000 Fcfa pour les non adhérents. Les cinq membres du groupe Jerusalem monteront sur les planches pour y interpréter leur nouvel album, Interpellation. Un album marqué par une musique multiculturelle à dominance ragga et reggae. Tandis que l'espace culturel Cas'Art, situé au quartier Essos, présente ce samedi 17 novembre à partir de 19h, une pièce de théâtre baptisée "Il était quatorze fois…", pour la modique somme de 500 Fcfa. Mis en scène par David Noundji, cette pièce est une adaptation de l'ouvrage Fables des montagnes de l'écrivain camerounais Patrice Kayo. Autant d'événements qui pousseront les uns et les autres à se défaire des soucis de la semaine et à passer un excellent week-end.

Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1232065562.php

jeudi 15 janvier 2009

Pourquoi l’organisation des concerts coince

Promoteurs de spectacles et artistes se crêpent le chignon, quand ils ne se marchent pas dessus.

Annoncé comme une des têtes d’affiche de la récente édition des journées camerounaises de la musique (Jcm) qui se sont déroulées à Douala du 15 au 20 décembre 2008, Etienne Mbappé ne prestera pas lors du concert géant clôturant cet événement. Las d’attendre au stade Mbappé Leppé, le millier des spectateurs est reparti déçu. Tout comme, le public de la septième édition du festival national des arts et de la culture (Fenac) de Maroua l’a vainement attendu. Etienne Mbappè, explique ces deux rendez-vous manqués. “J’ai été annoncé à ces deux évènements. Mais des contretemps ne m’ont pas permis de prester. S’agissant du Fenac, j’ai reçu le billet d’avion la veille. Pour les Jcm, je n’ai pas reçu de billet d’avion pour que je vienne à une manifestation où je suis annoncé comme tête d’affiche et où je devrais prester gratuitement ” expliquait-il dans les colonnes du quotidien Mutations mercredi 7 janvier 2009. Ces propos, aux travers desquels, transpirent le manque de professionnalisme et le peu de sérieux dont font montre certains promoteurs culturels, n’occultent guère d’autres coups fourrés.
La période des fêtes de fin d’année – en principe en pleine saison sèche – est généralement un des moments prisés par des opérateurs culturels pour annoncer tambour battant des prestations artistiques, des festivals et autres foires. D’où la surenchère médiatique, à travers spots et affiches publicitaires. Pour ne pas faire dans la dentelle, les images, la voix de ces stars qui carburent dans les bacs et font sensation dans les points chauds et chaumières, sont mises ostensiblement à contribution.
Plusieurs vedettes de l’heure à l’instar de Lady Ponce, Ma joie Ayi, Aï-Jo Mamadou, Mathématik de Petit pays ou des humoristes du moment comme Fingon Tralala, Man no Lap, Massa Yacop, et autres sont annoncés dans diverses boîtes de nuit. En fin de compte, parce que débordés, ils ne parviennent pas à respecter les clauses. Et tant pis pour le public qui se retrouve ainsi dupé. Pour Tchop Tchop, artiste bien connu de la place, “ un artiste peut prester dans divers lieux dans la même ville quand les contrats d’engagement sont flexibles. Le problème réside dans la mauvaise foi de certains promoteurs qui ne rechignent pas à fouler au pied le contrat en exigeant d’autres prestations initialement non convenues ”.

Annonces fallacieuses
D’où parfois des prises de bec quand ce n’est pas des séquestrations. Aï-Jo Mamadou est encore tout courroucé lorsqu’il conte au téléphone sa mésaventure à Limbe le 31 décembre 2008. “ J’ai été séquestré par une poignée de gros bras qui ont voulu m’obliger à prester. Il a fallu l’intervention des éléments de la brigade de Limbe pour que je recouvre ma liberté ”. Jointe au téléphone, Catherine Dima, directrice générale du Fini hôtel, promotrice de la Nuit des océans à laquelle était convié Aï-Jo Mamadou, n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet. “Je n’ai pas de commentaire à faire. Ce serait donner de l’importance aux bandits ” a-t-elle éludé de manière sentencieuse.
Toujours dans le registre des rendez-vous loupés, le festival international de musique de Douala (Fid) dont la sortie des fonts baptismaux était annoncée pour les 11 et 14 décembre 2008 n’a pu se tenir. Au cours d’un échange avec la presse, Aimé Neotari Lambala, de nationalité congolaise par ailleurs promoteur de l’événement, n’avait pas eu besoin de gants pour annoncer la présence des grands noms de la musique africaine comme André Marie Talla, Papa Wemba, Lokua Kanza et autres. Au jour j, le public a eu droit à un silence de cimetière. Pas de spectacles. Aucune présence des stars programmées. Aucune explication. Entre filouterie, mauvaise foi, amateurisme, appât du gain artistes et promoteurs culturels surfent allègrement et narguent à la fin le public, désabusé par des annonces fallacieuses.

Par Alain NJIPOU (Stagiaire)
Le 15-01-2009

http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=4&code_art=26159

Samy Diko : « Je signe mon retour avec Renaissance »

Après une absence de quatre ans sur le marché discographique, Samy Diko refait surface . Il s’est confié au Messager.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez baptisé votre nouvel album “ Renaissance ” ?
Ça fait un moment que je n’ai pas été sur le marché. J’avais pris du recul par rapport au piratage qui mine l’espace musical camerounais et donne des soucis aux artistes. La Cameroon music corporation (Cmc) faisait à l’époque de très bonnes choses pour y apporter une solution. Je ne sais pas ce que ce combat est devenu. La Cmc était trop active quand il fallait combattre ces gens-là. Vous comprenez qu’il m’a fallu du temps pour réfléchir. Au bout du compte, j’ai donc décidé de commettre cet album sur le marché camerounais à la disposition du public qui s’impatientait déjà, afin que je ne sois effacé de sa mémoire. La tendance était déjà à l’oubli dans les grands milieux du show-biz. “ Renaissance ” marque en réalité mon retour.

Quelles sont les particularités de cet album ?
L’album a été travaillé dans deux pays différents. D’abord à Paris (France) et au Queen’s Studio à Miami aux Etats-Unis. Les musiciens qui y ont participé sont les meilleurs de l’heure sur le plan international : Guy Nsangué, Bizou Bass qui ont fait les guitares basses. L’Antillais Eric Zakou à la batterie. Le Congolais Léonel Ramoko aux percussions. La grande Queen Eteme du Cameroun, Isabelle Gomez et Samy Diko au chœur. Dany Mouanga (congolais), Philip Yellad (un Juif) aux cuivres. Des arrangements de Jean Philippe Tamba. Je n’oublie pas le Français Manu Foret et l’arabe Carie Amdi. Cet album qui a bénéficié des contributions à la hauteur des meilleurs enjeux culturels du monde actuel est un chef-d’œuvre concocté et mixé conjointement au studio Macadet à Paris et au Queen’s Studio de Miami par Jean Marc de la Vallée et Jean Philippe Tamba. Ce qui me fait dire à propos de la valeur musicale qu’elle est exceptionnelle.
Un peu de zouk love, du makossa love. Il y a Eya’e Eya’e le titre phare de l’album qui est mieux fait que tout ce qui avait été fait avant. C’est un savant dosage de Reggae tone qu’on trouve dans la dernière “ Anaïs ” qui aura été travaillé dans le même sens. Cet album contient des titres de makossa dont la mélodie rappelle le sort et surtout la souffrance des enfants d’Afrique qui périssent dans les guerres. Et cet album, je l’ai voulu beaucoup plus dansant que les quatre précédents.

Au moment où vous revenez vers un public longtemps sevré de votre musique, avez-vous un message ?
L’album que je viens de mettre dans les bacs est une originalité. C’est un opus différent. Que chacun l’écoute, c’est un album de plus et non de trop. Voilà le message.


Discographie et distinctions
1997 : “Le dignitaire ” (album de l’année)
1999 : “Evolution ” nominé au Kora Africa music awards.
2000 : Golden d’or du meilleur artiste camerounais de la diaspora.
2001 : prix du meilleur artiste camerounais, une reconnaissance au Sénégal de la communauté camerounaise
2000 : meilleur album, meilleur artiste, et meilleure chanson de l’année
2001 : sortie de l’album “ Merci ”, “ Golden d’or ” à paris, 2 concerts live au Bataclan de paris, un passage à l’Olympia de Paris avec Jp Mpiana
2003-2004 : sortie de “ Persévérance ” tournée aux Etats-Unis avec toute l’Afrique. 7 mois de tournée aux Usa dans 12 Etats.
Une tournée interafricaine avec les plus grands noms (Meiway, Werason, Jb Mpiana, Extra Musica, Kana Maïga, Oumou Sangare, Angélique Kidjo en Afrique du Sud, Ismae lo, Koumba Gaolo.
2008: “Renaissance”


Par Entretien avec Pierre Marie Djongo
Le 15-01-2009

http://www.lemessager.net/details_articles.php?code=4&code_art=26158

Bafoussam : Le peuple Fussep au cœur du Nyang-Nyang


Les festivités marquant le Nekieng 2008-2009 ont commencé depuis le 28 novembre 2008 et connaîtront l’apothéose le 8 mars 2009.
Samedi 03 janvier 2009. Il est 15 heures. Sous un temps ensoleillé, des foules se mobilisent, à grand pas, vers la place des fêtes de la chefferie Bafoussam. Personne ne veut rater une seule seconde de la grande danse Packme’edjouong qui y sera exécutée. Pas moyen de se frayer un passage au milieu de près de 3000 âmes. Cameramen, photographes et autres reporters sont là pour immortaliser les différentes scènes. Au milieu de l’esplanade, on peut voir un groupe de jeunes batteurs de tam-tams. Ils ont le torse nu, avec des pantalons ou pagnes arborés. Le corps est embaumé d’huiles, avec des tiges d’herbes nouées autour de la tête. C’est la marque distinctive des initiés au Nyang-Nyang, une danse ancestrale qui dure depuis plus de huit siècles. La danse Packme’edjoung, l’une des étapes les plus importantes du festival, est personnellement conduite par le gardien de la tradition, sa majesté Njitack Ngompé Pelé. Il est entouré des différentes sociétés secrètes et autres notables de la chefferie Bafoussam. La moyenne d’âge des danseurs est d’au moins 40 ans.

Chaque danseur a le torse nu coloré, avec un collier au cou, un pagne traditionnel autour des reins et des défenses d’animaux entre les mains. Tout cela traduit la puissance et la victoire du peuple Fussep face à l’assaut des ennemis pendant les années d’indépendance qui ont été marquées par des guerres de tranchées, parfois sanglantes, entre les groupements. Une large feuille d’herbe est tenue sur le crâne par une ficelle. Pendant que certains dansent à visage découvert, d’autres par contre portent un chapeau à plumes ou des masques. Seul le chef a le corps entièrement couvert et est protégé contre le soleil par un parasol que tient l’un de ses tchinda (serviteurs). Le corps des danseurs vibre au rythme de la musique distillée par les tam-tams. Les pas de danse sont alléchants et arrachent au passage des salves d’applaudissements. Parmi les spectateurs, d’aucuns admirent les jeux de reins endiablés et parfois la virilité du chef qui est appelé à danser pendant plus d’une heure. Avec quelques minutes de pause par endroit. Après un tour complet, il salue ses invités et se retire de la scène. C’est du haut de la tribune, au milieu de ses hôtes de marque, au rang desquels les autorités administratives, traditionnelles et religieuses, qu’il assiste à la fin de la danse. Malgré le poids de l’âge, les danseurs sont déterminés à montrer leur attachement à leur culture en allant au bout de près de deux heures de danse.

Valeurs ancestrales

Pendant toute la période d’initiation au Nyang-Nyang encore appelé le passage de la terre, les jeunes initiés (garçons âgés entre 7 et 15 ans) sont appelés à sortir par vague, après chaque huit jours, pour danser sur la place du marché. Signe de leur admission dans la société au rang de dignitaires et vaillants soldats. La place des fêtes de la chefferie et les concessions de certains sous-chefs ou grands notables sont les différents sites d’initiation où les futurs porte étendards de la tradition et de la culture Bafoussam se frottent à certains enseignements relatives aux moeurs et autres sociétés secrètes. A en croire sa Majesté Njitack Ngompé Pelé, c’est dans la tranche de 7 à 15 ans que les jeunes sont sensés porter les germes de leur culture, la défendre et la véhiculer partout où ils vont.

C’est la raison pour laquelle les jeunes initiés doivent marcher à travers les artères de la ville avec le corps embaumé de terre. Certains déviants se permettent parfois de faire usage d’huile moteur ou de la peinture. Une pratique qui va à l’encontre des objectifs visés par le rite initiatique et est condamnée par le chef qui appelle à un retour effectif et définitif aux racines culturelles du peuple Fussep. “C’est un passage obligé pour tout jeune Bafoussam qui n’aimerait pas faire partie du clan des auto exclus, des parias ou des fainéants de sa génération”, argue le chef Njitack qui vient de célébrer, avec succès, ses 20 ans de trône. Au-delà de l’attachement des Fussep à leurs valeurs ancestrales qui ont pu survivre à la modernité qui frappe jusqu’aux portes de la chefferie, le festival biennal Nyang-Nyang est une grande ouverture vers la découverte des différentes richesses touristiques et artistiques que regorge ce groupement.

Écrit par Blaise Nzupiap Nwafo

http://lanouvelleexpression.info

Musique : Ben Decca s'est accompli dans "C'est tout moi"


Dans son nouvel album, l'artiste s'est entièrement livré pour un bol de bonheur à cheval entre le Makossa et le slow.
Quand on écoute la qualité de la dernière livraison de Bend Decca, on lui en veut d'avoir voulu en août 1987 mettre un terme à sa carrière musicale. Comment aurait-il voulu priver les mélomanes de ces mélodies qui parlent à l'esprit et à l'âme. Quand on rajoute à l'inspiration déjà exceptionnelle de Ben Decca la générosité de l'amour qui est la principale nappe de "C'est tout moi", son nouvel album disponible depuis une semaine dans les bacs, on a un résultat qui transporte sur un fleuve langoureux de belles sonorités. Rien dans "C'est tout moi" n'a été fait au hasard puisque l'artiste le présente comme un album de l'accomplissement, du dépassement de la maturité. Tout humble, ce qui n'est pas coutume chez l'artiste, il reconnaît dans la signature qu'il appose sur la pochette de l'album que "Ce que je n'ai pas perçu…Ceux qui m'aiment l'ont perçu."

Le 19ème album de Ben Decca "C'est tout moi", avec ses 12titres, a deux entrées. Les titres qui sont dansants et qui ont une forte empreinte de Makossa, de la Rumba mais aussi de Zouk et du Bolobo, rythme typique et traditionnel des peuples de la côte du Wouri. Dans ce registre on retrouve Sowélé mba Ndolo, Petite Madame, Fusion Makossa, Ebokwasu et Tu verras. Ben Decca y met ce qu'il a de fantaisiste dans la voix. Une voix magnifique, claire qui en fonction qu'il parle de lui ou des autres sait épouser les émotions des histoires racontées. Pour enraciner un peu plus ses textes au rythme Makossa fait à la bonne vielle sauce comme l'artiste le chante dans "Loko lam", il s'est entouré d'Aladji Touré et de Guy Nsangué aux swings de guitares magiques et les cuivres ont été assurés par Kayou. Pour les chœurs, le Nyanga Boy de Deïdo s'est fait entourée de Roseline Belinga, Joelle Esso et Nicole Mara.
La seconde entrée de "C'est tout moi", retrace le vécu et la somme d'expériences Ben Decca qu'il partage, seulement en Duala. La toile de fond de ces slows, rythme qu'il a choisi pour transmettre l'émotion, c'est l'amour. La série commence par "Mbo".

Ici, Ben Decca part de l'histoire d'un chien qui est resté près de son maître jusqu'à sa mort, même au cimetière sous la pluie lorsque tout le monde a fui, pour dire à la femme d'aimer comme " un chien ", sans calcul, sans réserve malgré toutes les difficultés. Ben conseille avec "Makakane", sur un air proche de "Mumi" avec une Roseline Belinga à la voix suave et chaude, au couple qui veut vieillir ensemble de privilégier la communication et l'honnêteté. Ben Decca devient métaphorique dans Ekambi "nasse" où il compare la femme à cet oiseau qui tenait une fleur dans son bec qu'il a rencontré sur son chemin et qui a fini par le garder dans sa cage pour l'entourer d'amour. L'artiste finit cet album par un message à ses détracteurs avec "Lo si lowa pe mba". Il précise qu'il n'acceptera plus des insultes et rendra désormais coup pour coup. " C'est tout moi " est un album complet qui est imprégné de toute la transpiration artistique de Ben Decca. Ceux qui l'achèteront découvriront le grand art de l'artiste qui a réussi à mettre un pont musical sur ses 27 ans de carrière.

Repères
Album : C'est tout moi
Sortie : 10 janvier 2009
Auteur compositeur : Ben Decca
Nombres de titres : 12
A écouter : Sowele mba ndolo, Mbo, Lo si lowa pe mba, Ebokwasu, Makakane, Fusion Makossa

Marion Obam

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231994107.php

Biographie : Ainsi était Jean-Marc Ela


Dans un livre paru en 1999, le défunt sociologue expliquait sa philosophie et le sens de son combat pour les pauvres.
De son vivant, Jean-Marc Ela avait fait montre à plus d'une fois et selon les circonstances de son "savoir encyclopédique". Un savoir qui puisait son essence dans cette thèse de théologie à Strasbourg sur Martin Luther. Ou encore sur cette expérience à Tokombéré dans la suite de Baba Simon, le prédicateur aux pieds nus. Il reposait sur deux piliers essentiels à savoir la théologie et la sociologie, le tout relié aux pauvres comme le démontrent ses œuvres et ses actes.

De tous les ouvrages, au demeurant fort nombreux, cette somme d'entretiens semble le moins érudit et s'efforce de clarifier les positions qui auront été les siennes toute sa vie durant. Une vie qui a commencé dans les années trente au sein d'une famille de neuf enfants. Une vie communautaire qui lui aura "appris à deviner le monde" et à exercer son intelligence avant d'aller poursuivre ses études à Edéa puis au séminaire d'Akono puisqu'il s'est destiné très tôt à la prêtrise.

Puis viendront les études supérieures à Strasbourg où il croisera la route de son maître à penser Henri Lefèbvre qui lui apprendra notamment que "l'homme est un être de chaque jour". C'est alors qu'il réalise que la quotidienneté est "le lieu par excellence où (l'on apprend) à découvrir la vie sociale". Avec le bagage ainsi engrangé et auquel l'on peut ajouter la fameuse sociologie des objets chère au Pr. Abraham Moles, le sujet Ela était paré pour les années à venir dans le domaine de la sociologie.

"Monde d'en-bas"
Une vie de sociologue qui s'appuiera sur le contact de l'Afrique "là où elle s'invente, à partir de ces bricolages qui forment en quelque sorte le tissu de notre vie sociale". Car le "développement est ce qui se passe dans la tête des gens (…) Le véritable développement n'est possible que dans les lieux de l'existence où, par leur savoir-faire les gens réinventent le quotidien". C'est pourquoi dans le contexte africain, le problème est celui "de savoir si, face aux contraintes économiques qui sont incontournables, nous ne devons pas revoir notre rapport à l'argent afin que tout ce qui relève de la parenté ne soit pas nécessairement un obstacle à l'accumulation." Une conclusion à laquelle il est parvenu après un séjour de 14 ans dans les montagnes du Nord Cameroun, où il a expérimenté sa fameuse théorie de "la théologie sous l'arbre".

Un concept qui repose sur le fait que "le théologien africain doit parler de Dieu à partir du lieu où la parole de Dieu nous trouve", et qui rejette ce christianisme occidental à l'apparence plutôt désincarné, "intégré à un système de domination dans lequel Dieu risque d'être capturé par les forces qui nous oppriment". En clair, c'est à une lecture de la bible avec les yeux d'Africain que nous invite le sociologue. Puisqu'elle n'est rien d'autre que le "récit d'une libération depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ". Un Dieu dont la crucifixion a beaucoup parlé au prêtre Ela.
C'est pourquoi il dit "pour repenser le message du christianisme, il fallait considérer que la croix est non seulement un instrument d'humiliation de Dieu en Jésus-Christ, mais aussi un instrument de lutte pour la libération de l'homme." Un homme qui appartient à ce "monde d'en-bas", "lieu par excellence des innovations et des dynamiques imprévues qui rappellent au monde d'autres manières de vivre que celle de la compétitivité". Le tout dans une banalité qui rend l'espoir à Jean-Marc Ela, à condition qu'un "Etat de droit se mette en place et que la démocratie s'inscrive dans les manières de gouverner, de penser et de vivre."

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231993095.php

Musique : Franck Bell, le grand retour


L’artiste vient de commettre un album qui regroupe les chansons qui ont marqué sa carrière musicale.
« On remet ça » c’est le nom de baptême de cette œuvre de l’artiste camerounais Franck Bell. Certains observateurs pourraient même la qualifier de « best of », puisque l’artiste y a réédité toutes les chansons phares de son répertoire. Démarche bien explicable : «chaque fois que je passais dans la rue les gens me demandaient toujours à quand un nouvel album. D’autres me demandaient où ils pouvaient trouver mes anciennes chansons. J’ai donc jugé utile de les leur offrir dans un support d’où la naissance de ce compact disc qui pourra aussi inspirer de nouvelles générations d’artistes. » Nous confie l’artiste que nous avons rencontré au centre culturel français de Yaoundé le 13 janvier dernier. On remet ça est donc une œuvre dans laquelle on retrouve des chansons à succès comme « mbapè na yabé ndé », « mutopéda mudi » ou encore « dubé longo » « olumba olumba » etc. La remise sur le marché discographique de toutes ces anciennes chansons est- elle un signe d’essoufflement ou d’un manque d’inspiration ? L’artiste réponds à cette question par un constat : « la mort lente du vrai makossa était programmée à cause de l’influence des rythmes étrangers, il fallait donc offrir au public ces chansons qui vont leur rappeler la belle époque du makossa originel ».

Franck Bell entame sa carrière musicale comme la majorité d’artistes camerounais, dans les concerts scolaires. Après sa rencontre avec Salle John et du guitariste Nguimé Manulo il participe à la réalisation de l’album « Juventus » de Axel Muna. Cette expérience l’amène à enregistrer son tout premier disque en 1983. Malheureusement cet album qui aura bénéficié de la contribution des « gol den sounds », (devenus Zangalewa,) passera inaperçu au Cameroun faute de promotion. En 1990, Franck Bell sort son deuxième album baptisé « Maléa », les conseils. Cet opus arrangé par tom yom’s (de regretté mémoire) avait aussi bénéfié des contributions de Salle John, feu Kotto Bass, et Richard Bona. En 1996, il offre à ses fans un autre album « hommage » où l’on retrouve des tubes tels que « mutopéda mudi et « olumba olumba ».Talla Jeannot Keng godefroid, kotto bass, Jimmy Eitel y apporteront leur savoir et leur savoir-faire.
La musique de Franck Bell est une fusion entre makossa, essewe, ambassybey, slow et salsa. L’artiste véhicule des messages de paix d’amour et voudrait promouvoir la culture sawa qu’il a d’ailleurs valorisée lors de ses différents voyages en côte d’ivoire et au Ghana entre 1977 et 1978.

C’est le 18 avril que Franck Bell voit le jour à Bonanjo-Bali dans le canton Bell à Douala. Fils de feu Njembele Moulabi Jean et de Wondje Eboumbou Rose, actuellement établie en France, le jeune Franck fait ses études primaires à l’école publique de Bali et de Bonamouang à Douala, sanctionnées par l’obtention d’un CEPE en 1966.C’est au lycée Bilingue de Buea puis au collège Technique de Muyuka et au collège CPFO de Douala qu’il poursuit ses études secondaires, sanctionnées par un BEPC, en 1973 un CAP en mécanique, et un CAP en Bâtiment. Franck Bell est par ailleurs styliste modeliste.IL reste encore marqué par la séparation avec son épouse, la mort de son père et de ses deux frères en 2001.Des douleurs qui le poussent à travailler d’avantage pour la revalorisation de la musique camerounaise, minée par la piraterie, un fléau qu’on peut éradiquer « par la vente de proximité des œuvres dans les grands carrefours et les marchés sous la supervision des agents du ministère de la culture et de la Société Camerounaise de l’Art Musical( SOCAM) »dit l’artiste. Franck Bell qui prépare actuellement une tournée pour le Ghana en mars prochain, compte offrir aux mélomanes une autre œuvre qui mettra en vitrine, ce makossa d’antan que l’on continue à fredonner avec un air de nostalgie.

Par Ericien Pascal NGUIAMBA

http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=436

lundi 12 janvier 2009

Musique: Jack Djéyim présente « Show me the way »


L’artiste était face à la presse samedi dernier à Yaoundé.
C’est au cabaret « Lisa et Christopher au quartier » Tsinga que le chanteur camerounais Jack Djéyim a rencontré les hommes des médias pour la présentation officielle de son 4ème album « Show me the way ».c’est un opus de 17 titres qui planent entre les différents rythmes de l’Ouest Cameroun avec une ouverture vers d’autres régions comme le Sud, le Centre, le Littoral et le Nord-Ouest. Jack Djéyim s’est prêté volontiers aux questions des journalistes parlant à la fois de l’artiste et de l’homme, se rappelant de ses premiers contacts avec l’occident où il a parfois été obligé de se lever à quatre heures du matin pour «livrer des fruits, conduire des camions pour survivre ». Mais la passion pour la musique n’a pas fait perdre des repères à ce fils Bamiléké, surtout pour un homme dont la crainte de Dieu est un préalable pour toute réussie.


Dans son quatrième album, l’artiste parle d’amour, de paix, des rapports entre l’homme et son semblable et surtout de Dieu. Cet album est un opus presque entièrement instrumental partagé en deux volets distincts et arrangé autour du jeu de sa guitare électrique, inspirée, généreuse. Grâce à une section acoustique et à une autre plus orchestrée avec instrumentalisation électrique et batterie. Jack Djéyim offre aux mélomanes deux univers au contenu émotionnel variable dans lesquels on rentre de plein pied, comme dans une étonnante odyssée, aux ouvertures inattendues. Par la combinaison audacieuse de la musique classique, jack Djéyim brouille et transcende les frontières de la musique et suggère à ses fans et aux mélomanes la proximité des sentiments mus par les mêmes désirs de paix et de bonheur que les humains partagent d’un bout à l’autre du monde.
Jack Djéyim entame sa carrière musicale en 1977, au club de la payotte à Bafoussam avec le groupe Sapho Brothers. Après quatre ans passés au Nigéria, pays où il va parfaire la maîtrise des ficèles de la guitare, il quitte l’Afrique en 1983 et s’installe en France. Celui qui est influencé par les styles de Jackson Brown, James Taylor, Elton John, Cat Stevens, Bob Marley, Sony Okusun, Fella Ramsone Kuti, Géraldo Pino, sort son tout premier album « chéri coco », en 1987, chez Espace Tropical. Cet album résume le parcours de l’artiste en Afrique. C’est avec le concours du célèbre guitariste Slim Pezin, que Jack Djéyim offre aux mélomanes son deuxième album. Le « marabout » se présente comme l’album de la mutation qui lui permettra de faire des tournées avec des artistes comme Tshala Muana, Abeti Massikini, Sam Fan Thomas entre autres.
En 1996, il participe au « dance machine », au Zénith, aux côtés de Jean Peen. En 1997, Jack Djéyim sort son troisième album « dance around the fire », avec le label Cross Over-Belgique. L’opus se présente comme l’album de la maturité, qui dévoile un artiste en pleine communion avec sa guitare dotée de la force nécessaire pour porter au public des textes profonds : ballades dans l’enfance, fêtes au village, portrait d’une Afrique qui affiche l’espoir, la tradition, la fierté mais aussi et surtout l’humanité.

« Show me the way » cadre avec cet esprit de continuité avec en prime une évolution acoustique remarquable. L’album qui se trouve dans les bacs depuis quelques jours, mérite sans doute une écoute attentive surtout pour les amateurs des musiques thématiques, à travers lesquelles, un élan de conscientisation fait des artistes comme Jack Djeyim, de véritables pédagogues

Par Ericien Pascal NGUIAMBA

http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=422

Rodrigue Mbock Noumb : Sérigraphe en quête de sensations!


Malgré des lauriers, il continue de créer. Pour le bonheur de l'art.
Du 15 au 20 juillet prochain, Yaoundé vibrera aux sons et rythmes du hip hop, du slam et du rap. Ce sera dans le cadre du festival " Couleurs urbaines ". Un événement que Rodrigue Mbock Noumb aura marqué de son empreinte. Lui qui en a réalisé le visuel. " J'ai été bien sûr heureux d'avoir gagné ce concours. Sans plus. Car cela rentre dans le parcours d'un artiste qui n'est pas à sa première expérience ", commente-t-il laconique. Un concours donc de gagné qui fait suite à nombre d'autres.

Ici et ailleurs. Comme le logotype de la Fondation Muna. Ou encore le concours panafricain de l'association française Réseau médicaments et développement (ReMed) qui lui a réservé la 2è place derrière un Malien. Des lauriers qui sont loin de donner la grosse tête à ce jeune homme de 29 ans, originaire d'Edéa, qui arpente les sentiers de la sérigraphie depuis plus de dix ans. " Je suis en fait un autodidacte de la sérigraphie, frappé que je suis par l'expression artistique des couleurs dans toute leur harmonie ", précise-t-il. Des harmonies que le public peut constater à l'Espace Oyenga, sis pas loin de la direction d'Hysacam à Yaoundé où il expose depuis quelques semaines.

Là bas, il pourra apprécier les premières tentatives de ce que Rodrigue Mbock nomme " No limit ". " C'est en fait un concept que je me suis mis à butiner depuis peu et qui consiste à faire savoir et montrer que chacun peut être son propre designer. Ainsi, je reçois ceux qui le souhaitent, les écoute sur ce qu'ils souhaitent voir figurer sur les T-shirt et leur fait des propositions ". Au bout, des résultats étonnants qui commencent à plaire. Sauf que l'artiste regrette de ne pouvoir produire en grande quantité du fait de certaines difficultés dont la moindre n'est pas la qualité du matériel. " Ce qui est disponible n'est que le 2è, voire le 3è choix. Des produits asiatiques qui sont loin de donner la qualité espérée. Les fournisseurs arguent de ce que les produits de qualité ne s'écoulent pas ".

Toujours au rayon des problèmes, il y a la forte concurrence chinoise qui " a l'avantage d'être réalisée à domicile à des coûts favorables. Ce qui n'est pas mon cas ". Des difficultés qui limitent la clientèle. Mais qui ne découragent pas celui qui a depuis la rentrée 2007 pris une inscription en Arts et spectacles à l'université de Yaoundé I. Histoire de " rechercher une complémentarité artistique dans la mesure où je créée en permanence. Si je peux bien me tenir en sérigraphie et en art plastique, il n'en est pas de même des autres pans de l'art ". Avec sans doute l'ambition à terme d'être " le plus polyvalent possible ". Même s'il se considère par dessus-tout " graphiste dans l'âme ".

http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=402

Culture : Le centre culturel camerounais fait peau neuve


Longtemps abandonné et boudé par le public, cette maison de la culture est en réfection depuis un mois. Dans le but de retrouver son aura d’antan.
C’est depuis le mois de Décembre 2008 que les travaux de réfection du centre culturel camerounais (Ccc) ont été lancés. Ce jeudi matin, le décor a visiblement changé : une nouvelle couche de peinture sur les murs de la façade principale, des bureaux et des toilettes montrent aux visiteurs que les choses sont en train de changer dans ce lieu. Dans certains bureaux, quelques employés rangent leurs effets dans le coin pour permettre aux ouvriers de mieux travailler. Dans les toilettes, les sanitaires ont changé, les installations d’eau et de courant électrique sont aussi en réfection. Au niveau de la salle des spectacles, les vieux rideaux habituels ont disparu. Le podium et les installations de climatisation sont aussi installés. A l’extérieur, quelques personnes discutent à propos des travaux. Trois comédiennes sont quant à elles assises dans la salle « tuant » visiblement le temps. En effet, depuis le début des travaux, tout le personnel est en congé. Il s’agit des membres du Ballet national, du Théâtre national et de l’Ensemble national.

Assis dans son bureau où l’odeur de la nouvelle couche de peinture est encore forte, le régisseur du Ccc, monsieur Bogné nous accueille d’un air timide. Mais, le reporter finit par trouver en cet homme d’une quarantaine d’années, une sympathie artistique. A cœur ouvert, le maître des lieux parle du centre, de ses difficultés, ses capacités et ses ambitions. On apprendra alors que depuis trois ans, le Ccc fonctionne sans budget, que les artistes sont abandonnés à eux-mêmes et se débrouillent autant que faire se peut. On n’y retrouve aucun agent d’entretien et seul, un veilleur y est en service. Les bureaux mal équipés et peu éclairés reflètent l’image d’une structure aux abois. Pour le régisseur, c’est cette image négative du Ccc qui fait bouder le public, les mécènes et hommes de culture. Plusieurs spectacles de haute facture se tiennent au Centre culturel français ou dans les salles de cinéma. Pourtant, le Ccc qui fait partie du patrimoine national a une salle de spectacle d’une capacité de 200 places assises. Un espace qui, viabilisé, peut rehausser l’image culturelle du pays.
La réfection actuelle du Ccc est une initiative de la ministre de la culture Ama Tutu Muna « qui est arrivée ici et a constaté que le centre était presque mort » avance le régisseur. Pour lui, les responsables du ministère de la culture ne font aucun effort pour viabiliser ce centre parce qu’ils sont tous des fonctionnaires et ne peuvent pas comprendre les problèmes des artistes. M. Bogné estime que le Ccc valorise pourtant l’image du Cameroun à l’extérieur. Il prend l’exemple du Ballet national qui rentre d’une tournée en Chine et au Ghana. Toutes ces structures du Ccc font des recherches dans le domaine des arts et de la culture au Cameroun et hors des frontières nationales. Certains grands noms de la musique camerounaise travaillent ici, dans le but d’encadrer et de soutenir les jeunes artistes. C’est le cas de Anne Marie Nzié.
Il faut dire que le bâtiment qui abrite le Ccc date de l’époque coloniale. C’est dans ce bâtiment que se trouvait au départ le siège du centre linguistique et ce n’est qu’à partir de 1960 qu’il sera transformé en centre culturel camerounais. Depuis, dans cet espace se sont produites de grandes voix de la musique et du théâtre. Oncle Otsama, Essindi Mindja, Jean Miché Kankan n’y sont pas inconnus. Aujourd’hui, seuls quelques jeunes artistes continuent à y prester, parfois devant un maigre public.

Le personnel du Ccc actuellement en congé est aussi confronté au problème des salaires. « Nous avons des problèmes de salaires comme partout ailleurs. Le personnel médical a repris le travail aujourd’hui après une grève vous le savez » nous lance le régisseur. Mais, la joie de tous est d’avoir entamé l’année avec ces travaux qui montrent que le ministère de la culture est sensible à la misère qui bat son plein au Ccc. Un centre qui aura longtemps souffert d’un manque de communication et même d’action de marketing à l’occasion de grands événements culturels organisés au Cameroun. Même si l’Etat envisage la création, dans le futur, d’un Théâtre national pour redorer le blason de ce secteur, il importe d’abord de refaire la santé du Ccc, faire de ce lieu un espace populaire et ouvert à toute sorte de spectacles. Y organiser régulièrement des activités culturelles et nouer des partenariats avec d’autres structures. Le ministère de la culture pourrait y organiser des conférences, ateliers, tables rondes.

Le Ccc aurait pu être le lieu principal de la célébration des 50 ans de carrière du doyen Manu Dibango et des 60 ans de carrière de Anne Marie Nzié. Des événements placés sous le haut parrainage du chef de l’Etat Paul Biya. La salle des spectacles du Ccc pourrait être utilisée pour la projection des films, courts et longs métrages, camerounais et africains. « Des actions qui, bien menées par les hommes de culture eux-mêmes, pourraient effacer au Ccc, l’image de parent pauvre de la culture camerounaise ».

Par Ericien Pascal NGUIAMBA

http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=416

Mode : Marie Claire Ngué, top modèle 2009

La jeune fille a été désignée jeudi dernier à Yaoundé.

C'est pourtant Fabiola, 22 ans et étudiante à l'université de Dschang qui, toute vêtue de rouge, un sourire angélique aux lèvres, a séduit le public massé dans la salle Bouma de l'hôtel Hilton de Yaoundé. Et même si sa démarche, comme celle des 14 autres candidates du reste, est à améliorer, son teint noir ébène a séduit un public euphorique. On comprend donc la déception de ce dernier lorsque, aux environs de 1heure du matin, le verdict du jury est tombé : Fabiola ne sera que troisième dauphine de cette 11ème édition du concours Top Modèle Cameroun organisé par l'agence Sonomod. La première place de cette élection reviendra plutôt à Marie Claire Ngué.

Avec son mètre 85, ses jambes interminables, son teint ébène et ce cou gracile qu'elle porte avec élégance, la jeune fille de 20 ans, étudiante à l'université de Yaoundé I a réussi à capter l'attention du jury présidé par Eric Nana et dans lequel on retrouvait l'artiste camerounaise la plus sollicitée du moment : Lady Ponce. Elle a tombé ses rastas pour une longue greffe qui lui donne une nouvelle allure. C'est le sourire aux lèvres et tremblante d'émotion que Marie Claire a reçu sa couronne des mains du top modèle Cameroun 2003.
Une émotion d'autant plus forte que, dès le départ, rien ne semblait concourir en sa faveur. Au premier tour de l'élection en effet, vêtue d'une robe du soir qui ne laissait rien deviner de ses atouts de modèle, la jeune fille était plutôt mal partie. Il a fallu les passages en maillot de bain puis en tenue de ville pour que le jury soit fixé. Mince, sans pour autant être maigre, cette jeune fille dont la conception est de 36 a fini par faire mouche. Et Rénel Kock, organisateur de l'évènement a tenu à préciser à la fin de l'élection, et comme c'était déjà le cas dans nos colonnes jeudi dernier que : "le concours top modèle n'est pas là pour récompenser la plus belle fille comme c'est le cas pour l'élection miss mais plutôt de primer les meilleurs modèles au vu des formes, de la démarche et de la prestance sur le podium".

Pour cette année donc, la jeune fille assurera la campagne publicitaire du dernier parfum de la styliste camerounaise installée à Cannes, Olivia Ervi , et celle des produits du fabricant de produits éclaircissants Dermabella installé à Strasbourg en France. Sur ce dernier point, Rénel Kock a tenu à faire des précisions face à ceux qui s'inquiétaient des conséquences de l'utilisation de tels produits sur la peau de la jeune fille: "Nous ne faisons pas la promotion du décapage. Les produits Dermabella sont des produits éclaircissants mais pas du tout décapants. Il y a une différence à faire à ce niveau"… En attendant, la jeune fille a reçu plusieurs primes venant des différents partenaires de l'agence Sonomod dont le ministère de la Culture du Cameroun qui a remis une prime de 100.000Fcfa au modèle et 50.000FCfa à chacune des quatre dauphines.
Jean Pierre Essomé, Simon Messanga, Morena Love, Lady Ponce et Tsimi Toro ont contribué à donner du rythme à cette soirée qui, comme les précédentes, a été plutôt plaisante. Par ailleurs, en dehors des personnalités de la mode qui ont reçu des distinctions à titre honorifique, d'autres en ont eu. C'est le cas de Sally Messio qui a été désignée comme étant la femme la plus fashion de l'année 2008.

Classement
Top Modèle : Marie Claire Ngué
1ère dauphine : Essama Béatrice
2ème dauphine : Amelie Lénine
3ème dauphine : Fabiola
4ème dauphine : Stella Batoum

Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231738490.php

Musique : Belka Tobis sort de sa "solitude"


L'artiste a donné un spectacle qui a laissé des fans sur leur faim jeudi au cabaret La Réserve à Yaoundé.
Comme le "divin enfant", c'est à minuit que Belka Tobis est monté sur la scène du cabaret La Réserve jeudi 8 décembre dernier à Etoa-Meki à Yaoundé. Conduit par les youyous et les vivats du public qui l'attendait impatiemment depuis 20h, heure à laquelle était annoncé l'artiste. Tout de blanc vêtu, et comme pour s'excuser d'avoir fait attendre son auditoire, le musicien de langue bassa va enchaîner directement avec le titre Solitude, extrait de son avant-dernier album "Ayé mock". Dans une salle bondée d'où s'échappaient diverses fragrances, mélange de cigarette, d'alcool et de parfums. Cette première chanson viendra surchauffer l'ambiance, suscitant l'émoi dans le public. Notamment auprès de la gent féminine.

En effet, comme envoûtées par "le chanteur de charme", un qualificatif que s'est attribué Belka Tobis, les femmes n'hésiteront pas à donner de la voix pour l'accompagner dans sa prestation. Alors que certaines d'entre elles, blotties dans les bras de leur conjoint ou la tête posée sur l'épaule de ce dernier, se laissent porter par la mélodie, les plus téméraires vont se trémousser sur scène avec le musicien, toute inhibition bue. Histoire de lui faire sans doute oublier la fraîcheur hivernale qu'il décrie dans cette chanson. Un geste que l'artiste semble apprécier à sa juste valeur, remerciant ses fans par une caresse aux fesses. Comme habité par un feu intense, Belka Tobis va, avec la complicité de l'orchestre, tenir son public en haleine pendant près de deux heures, revisitant certains titres de son album Ayé mock (Femme mariée, Je suis fidèle, Mwem nkana…).

Les billets de banque pleuvent, le "farotage" est au rendez-vous une fois de plus. "Ça faisait longtemps que je n'avais pas touché les Francs Cfa", lâche l'artiste dans un moment d'humour. Des propos qui suscitent des rires dans la salle. Mais aussi quelques quolibets lorsque le musicien se laisse aller de temps à autre à dire "chez nous à Paris", où il vi désormais. Lorsqu'il remonte sur scène après une légère pause, "le temps de se désaltérer", l'ambiance atteint ainsi son paroxysme avec la reprise de son single Je demande pardon, chanson tirée de son premier album et qui l'a révélé au public en 1995. Le spectacle s'achève ainsi dans l'euphorie aux alentours de 2h30 du matin. Avec néanmoins un goût d'insatisfaction.

"La prestation était bonne et la qualité du son irréprochable. Je suis cependant un peu déçue car je m'attendais à ce qu'il interprète des morceaux de son tout dernier album", déclare une mélomane en regagnant la sortie, tandis que la salle se vide du gros de son effectif. Un reproche d'autant plus compréhensible que d'après certaines indiscrétions, le chanteur serait actuellement au Cameroun pour la promotion de ce quatrième opus baptisé Trajectoire. Même si on apprend de l'imprésario de la soirée que la programmation de l'artiste jeudi dernier tient du fait que "la musique de Belka Tobis ne s'apprécie pas véritablement dans le brouhaha des fêtes". Le musicien a quant à lui, refusé de faire tout commentaire sur sa dernière livraison disponible dans les bacs depuis plus d'une semaine. Mettant ce refus sur le compte de la fatigue en fin de spectacle.

Patricia Ngo Ngouem

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231738111.php

jeudi 8 janvier 2009

Rénel Kock : En mode, il n'existe pas de “femmes africaines”

Avez-vous prévu une remise de trophées pour cette 11ème édition ?
Si. Nous avons prévu la remise des awards aux meilleurs couturiers. Cette année, nous avons décidé de primer la personnalité de la mode de la décennie qui est, selon nous, Blaz design. Le trophée de la meilleure styliste camerounaise de la diaspora qui est Olivia Ervi, la révélation de cette année est le jeune styliste Enanga. Souki Babette sera également couronnée ainsi que Esterella qui est basée à Douala.

Quels sont les critères d’évaluation des stylistes ?
Pour ce qui est par exemple du meilleur styliste de la diaspora, nous allons sur le terrain. A titre d'exemple, nous décernons le prix à Olivia Ervi, parce que nous sommes allés dans ses ateliers en France. Dans ce pays, lorsque quelqu'un est styliste, il a son atelier, est enregistré et a tout ce qu'il faut pour être désigné comme tel. Nous avons remarqué que, des stylistes camerounais installés en France, Olivia faisait l'exception face à certains dont je n'ose donner les noms et qui n'ont même pas d'atelier.

Et qu'en est-il de la sélection des candidats et candidates à cette élection ?
Nous avons lancé des castings sur internet via les sites dédiés aux femmes et nous avons reçus près de 150 demandes. Ensuite, on va sur des critères requis pour les tops modèles au plan international. On préfère les filles de 20 ans ayant le bac minimum parce que nous savons que le modèle pourra encore avoir quelques années pour faire carrière. Pour ce qui est des critères comme la bouteille de coca [formes], c'est bon.

On a l'impression que votre concept ne s'ouvre pas aux stylistes reconnus localement. Pourquoi ?
Ce n'est pas exact. Nous restons ouverts aux autres stylistes camerounais. La minute de mode que nous avons tous les dimanches sur la Crtv télé mobilise le maximum de stylistes qui veulent présenter leurs travaux. La porte est ouverte à tout le monde et, en plus, c'est gratuit. On sélectionne juste les meilleurs pour pouvoir présenter les stylistes qui essaient de présenter un travail de qualité. En lançant le concept en décembre 1998, on pensait faire avancer la mode. Et nous voyons que ça avance.

Le public se rend compte que les choses ne bougent pas. Le spectacle semble à chaque fois être le même…
Je ne pense pas. Nous n'avons pas toujours eu le soutien que nous attendions mais nous restons présents contrairement à certains évènements qui ont dû arrêter de fonctionner à cause de ce manque de sponsor. En plus, nous continuons d'avoir du public. Parallèlement à cela, nous avons initié " First class " qui a failli prendre le dessus sur l'élection Top Modèle Cameroun mais nous avons très vite pu rattraper les choses.

Les agences comme la votre sont accusées d'organiser la prostitution de luxe…
Si cela était le cas, c'est que Sonomod n'existerait plus. Je mets au défi la personne qui présenterait la preuve que nous avons mis sur pied de telles pratiques à l'agence. C'est immoral et nous ne pouvons le faire. Pour éviter ce type de situation et permettre aux filles d'être indépendantes financièrement, nous les encourageons à trouver une activité autre que le mannequinat qui, malheureusement, ne nourrit pas encore son homme au Cameroun.

Prenez-vous en compte, au sein de votre agence, les nouvelles instructions internationales qui demandent de ne pas employer les filles trop maigres ?
Lorsque vous voulez aller à l'échelle internationale, il faut que les filles aient les mensurations internationales. Il y a quelques années, des stylistes sont venus au Cameroun pour un évènement et ils devaient habiller les filles avec des tenues qu'ils avaient ramenées. Toutes les tenues allaient aux filles parce que, justement, elles avaient des mensurations qui répondaient aux critères internationaux. Si nous voulons nous ouvrir au monde, nous devons rester dans les normes internationales qui vont entre le 36 et le 38 en plus ou en moins, ce n'est plus bon. Il est vrai que les gens, comme nous sommes en Afrique aiment à dire que les femmes africaines sont grosses. Ça n'existe pas en mode. Dès qu'elle se lance dans ce métier, elle devient un être du monde et doit pouvoir se glisser dans ce moule là.

Propos recueillis par Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231377552.php