Grâce à ses multiples one man show, le jeune humoriste est considéré aujourd’hui comme l’un des plus talentueux de sa génération...
Fortuit, mitigé et sans lendemain. C’est à ce triptyque que beaucoup d’observateurs avaient tôt fait de qualifier l’avenir de l’humour au Cameroun. Après la mort des légendes comme Jean Miche Kankan, les adieux d’Essindji Mindja à la comédie en 2005 ou encore le virage de l’Oncle Otsama au cinéma, on a cru que l’humour s’est finalement « cassé la figure ». Mais avec la montée vertigineuse des jeunes loups aux dents bien longues comme Major Asse, il y’a de quoi se raviser.
Invité plusieurs fois à l’étranger pour des résidences et des ateliers d’écriture, Major affirme pourtant avoir encore beaucoup à apprendre. Modestie ou prudence professionnelle ? Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à vingt cinq ans sonnés, il a du talent à revendre. La preuve, il ne sait pas qu’amuser la galerie de « ses frères noirs qui aiment se vanter de vouloir vivre chez les Blancs ». A ses heures perdues, il prend sa plume, s’adonne à l’écriture. « Je communique ma passion aux gamins des écoles de la capitale car j’aime partager ma passion avec mes frères », confie t-il. Aujourd’hui, il dégage l’impression d’un humoriste qui commence à s’assagir, quoique certains lui reprochent la crudité de ses textes, cette prétention et cette espèce de désinvolture vis-à-vis de la « France protectrice ». Major n’en a cure. Ce qui compte pour lui « c’est mon public. C’est à lui que je parle. C’est pour lui que je suis sur scène », affirme t-il. Des détracteurs, Major en a pleine la paume. Tant la profondeur de ce qu’il décrie dans ces « one man show » met mal à l’aise ceux-là qui finissent par en vouloir à sa grande gueule. Le rapatriement, sa lutte Son dernier spectacle intitulé « Avant de me rapatrier » est chargé de symboles et de messages. C’est en effet une série de sketches, les uns plus poignants que les autres. Cela fait rire mais aussi penser. Une urgence de panser le malaise de l’Afrique qui n’est autre que l’ l'immigration clandestine. «Mes frères ne rêvent que de partir. S’envoler vers un avenir hypothétique », regrette t-il. Major parle aussi de la Françafrique, de l’aide au développement ou encore du plan d’ajustement structurel. Pour lui, ces termes ne sont rien d’autre que des ruses utilisées par les puissances occidentales pour mieux spolier les richesses des Etats Africains, déjà malades d’une économie récessive. Dans sa diatribe, l’humoriste n’épargne pas l’Afrique elle même et ses dirigeants enclin à la dictature et plus que jamais partisan de « la démocrature ». Il condamne en outre les détournements de deniers publics, l’amour effréné du pouvoir, la prolifération des cybercafés et les mauvaises mentalités que cela a développé chez les jeunes filles… etc. Après ses différentes prestations au Centre culturel français de Yaoundé et de Douala, suivi de sa sortie fort applaudie aux côtés de son mentor Valérie Ndongo lors du «stand up night show» le 14 novembre dernier, Major Asse a pris de l’ascendant. Mais il n’oublie pas pour autant que « c'est au lycée que j’ai choisi de m'intéresser au théâtre. Avant de rejoindre l'association La ronde des poètes et commencer des prestations scéniques en 2001 », confesse t-il. Pour l’heure, il poursuit son travail de création au Centre culturel Francis Bebey (Ccfb) à Yaoundé. Bon vent l’artiste. | |
YAOUNDE - 24 NOV, 2009
Christian TCHAPMI | Cameroon-Info.Net
http://www.cameroon-info.net/stories/0,25753,@,culture-major-asse-et-que-vive-l-humour.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire