lundi 12 avril 2010

Charlotte Dipanda : « Je ne fais pas cette tournée pour gagner de l’argent »


La chanteuse parle de son Mboa Tour, de sa consécration aux Canal d’or comme artiste féminin 2009 et de ses projets après son premier album « Mispa ».
Vous avez donné le 2ème concert de votre tournée vendredi soir au Ccf de Yaoundé. Plusieurs personnes qui avaient acheté des billets n’ont pas pu avoir accès à la salle du Ccf, qui s’est révélée étroite. Y a-t-il eu un problème d’organisation ?
Il n’y a pas eu un problème d’organisation, mais une sorte d’émulation autour de ce concert-là. N’ayant jamais travaillé avec moi, le Ccf de Yaoundé ne savait pas du tout à quelle artiste il avait affaire. Du coup, l’intérêt qu’a porté le public à cet évènement les a mis face à une situation telle qu’ils ont dû rapidement trouver une solution au problème, qui a été de faire deux concerts le même soir. Ca partait d’un bon sentiment, mais je leur ais dit que même si j’en ai l’habitude, j’ai peur que les gens que je vais recevoir au deuxième concert n’aient pas vraiment Charlotte entière. Je leur ai donc proposé d’organiser un spectacle pour le lendemain, samedi, à 14h.

Après Douala et Yaoundé, vous serez à Buéa le 13, à Bamenda le 15, à Dschang le 17, à Garoua le 21 et à Maroua le 23… Le rythme est effréné et vous voyagez par la route. Vous sentez-vous capable de tenir le coup ?
On a quand même deux jours entre les évènements, ce qui me permet de récupérer après chaque concert. Je suis assez consciencieuse et professionnelle. Je suis au Cameroun pour ces concerts, je m’y consacre vraiment. C’est pour cela que je n’arrive pas vraiment à suivre avec les plans médias. C’est très éprouvant, un concert. On ne s’en rend pas compte, mais il faut beaucoup dormir, se reposer. De toutes les façons, il n’y a pas d’autre secret, c’est le seul médicament de la voix. Et quand on n’a pas dormi un minimum de temps, on a beau boire toutes les potions magiques, ça ne marche pas.

Pourquoi faire une tournée camerounaise uniquement dans les Centres culturels français et dans les Alliances franco-camerounaises ?
Ils m’ont sollicité. J’avais expliqué à Hubert (Hubert Maheux, directeur du Ccf de Yaoundé, ndlr) que tout au long de l’année 2009, j’ai eu plein de messages de jeunes étudiants qui ont pu se procurer le Cd d’une façon ou d’une autre parce qu’il coûte quand même 10 000 francs, ce qui n’est pas rien pour un Camerounais moyen. Je suis souvent venue au Cameroun pour des concerts vraiment hors de prix : 10 000, 20 000, 50 000 francs… J’ai voulu aller sur les routes pour ces jeunes-là, même si, au final, ce n’est pas seulement les jeunes qui viennent me voir en concert. Je ne me suis jamais considérée comme une chanteuse Vip, je n’aimerais pas que le public pense que je suis inaccessible. Or, les Alliances nous permettent d’avoir des concerts à des prix abordables (2000Fcfa, ndlr). A Buéa, ce sera encore moins cher : 1000Fcfa. Je ne fais pas cette tournée pour gagner de l’argent, je tiens à le dire. Je veux aller vers mon public, où qu’il soit, jeune ou adulte. Mon planning me permettait de pouvoir me lancer sur les routes pendant un mois au Cameroun. Peut-être que demain, je n’en aurais plus le temps, même si je veux le faire. Et je le fais avec beaucoup de plaisir.

Vous avez été sacrée meilleur artiste féminin de l’année 2009 aux Canal d’or. Comment avez-vous accueilli cette consécration ?
Pour moi, c’est la plus grande des consécrations, c’est plus important que tout. C’est tellement important que je n’arrive pas à exprimer ma joie. Je ne m’y attendais pas. Cette consécration vient assoir le travail qui a été fait jadis en studio avec tous les musiciens et tous ceux qui, comme Jeannot Hens, ont cru en moi. Il y a eu une véritable démarche artistique que mes pairs et le public camerounais reconnaissent au travers de l’album Mispa, et pour moi, c’est extraordinaire.

En sortant Mispa, vous attendiez-vous à un tel succès ?
Vous ne vous rendez pas compte ! Moi, je sors mon album. Le plus important c’est qu’on comprenne ce que je vais faire, que les gens s’y intéressent. Je ne vois pas que cet album aura une telle place dans l’univers musical camerounais. Finalement, ce n’est pas plus mal. Comme ce n’était pas du tout calculé, je savoure d’autant plus le plaisir de ces Canal d’or et de toutes les autres consécrations que j’ai eues cette année à Rts, et, on m’a dit, à Fomaric. Pour cet album, on a raflé tout ce dont on pouvait rêver. Du coup, 2009, c’était l’année Mispa.

Après cette tournée, quels sont vos projets ?
Après cette tournée, je vais véritablement me poser. Ca fait un moment que je suis sur les routes et, depuis 2009, je ne me suis pas vraiment reposé. J’ai un fils qui a quatre ans, il vit en France avec son père, il va à l’école, il a aussi besoin de sa mère. Je vais pouvoir composer aussi, voir les perspectives qui me seraient proposées pour le prochain album.

Vous rêviez de chanter avec Richard Bona...

Ce rêve a déjà été réalisé. Richard Bona m’a proposé de faire une première partie. Elle a été faite il y a près de trois semaines à Saint Etienne. J’ai même pu, sur scène, faire deux duos avec lui. Il faut y croire. Il y a des projets de collaboration concrète sur un album avec Richard, c’est pour très bientôt.

Écrit par Stéphanie Dongmo 

Le Jour

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