vendredi 9 avril 2010

Martin Ambara : Esthète du théâtre africain


Le metteur en scène actuellement en tournée écrit et fait jouer selon le substrat des traditions qui le portent.

Quand Martin Ambara regarde aujourd'hui son parcours dans le milieu du théâtre, il doit se dire qu'il revient de loin. Lui qui plus d'une fois a jeté l'éponge pour finalement replonger après des escapades comme sait en produire la vie sous les tropiques. Car si déjà enfant il avait fait du théâtre sa voie, il reste que nombre d'écueils ont à plusieurs fois voulu le détourner d'une volonté qui ne l'a jamais véritablement quitté.
Mais en regardant dans le rétroviseur, il doit aussi sourire. Tant les rencontres furent enrichissantes. Comme celle d'avec Michèle Robert. Qui arrivée au Cameroun avec Roland Fichet en 2004 est tombée sous le charme d'une pièce alors en représentation au Ccfv. Pièce qui avait pour titre "Acte neuf scène dernière " et dont la mise en scène fascina la Française qui à son retour invita le Camerounais pour un séjour qui allait lui ouvrir les portes de la scène internationale qu'il n'a depuis plus quitté.


Avant Acte neuf scène dernière, que le parcours fût chaotique. Après des études stoppées involontairement en fin de cycle secondaire, le jeune adolescent passionné de philosophie allait s'adonner, contre fortune bon cœur, à la lecture. Dévorant alors les bouquins d'un aîné inscrit à l'université de Yaoundé qui connaissait en ce début des années 90 une effervescence qu'on ne lui avait pas connu jusque là. "Ce furent de dures années où j'appris beaucoup de la vie et des hommes ", lâche-t-il aujourd'hui.
Une période où le pain noir fût à la mode. Jusqu'à ce qu'il rencontre François Bingono, un ancien du théâtre universitaire qui l'aura aidé à trouver sa voie. Cette voie de l'enracinement dans la culture africaine où baigne le metteur en scène depuis toujours. "Avec lui, j'ai appris la dimension anthropologique du théâtre. Il me disait toujours regarde et regarde bien, tu comprendras alors que même mille ans de théâtre ne pourront pas rendre suffisamment compte de notre culture, tellement elle est vaste même si elle apparaît au premier coup comme une improvisation permanente". Aujourd'hui encore il n'hésite pas à effectuer le pèlerinage chez ce mentor auprès duquel il continue d'apprendre ; et ce malgré les hauts et les bas de leur relation.


C'est d'ailleurs au cours d'un intermède de celle-ci qu'il se rendra à Bafoussam où il passa un an auprès de son ami Wakeu Fogaing d'Alabado théâtre (la troupe de Bingono) qui venait de monter la compagnie Feugham et dont la devise épousait parfaitement la ligne philosophique et esthétique de leur maître. Il y croisera aussi Kouam Tawa avec qui il forme aujourd'hui les valeurs montantes du théâtre africain.
Aujourd'hui donc, Martin Ambarra, sans être satisfait de son parcours est tout de même fier de ce qu'il a accompli. En 2007, et après avoir dirigé une troupe internationale dans le cadre de la mise en scène d'une pièce de l'exigeant Dieudonné Niangouna (qui sera au Cameroun dans les prochaines semaines avec sa fameuse pièce Les inepties volantes), il créait L'épique des héroïques. Qui fut bien reçu malgré le parti pris de Martin pour une écriture complexe. Lui qui pense que "le spectateur doit venir au théâtre pour participer à la création.

C'est de mon point de vue par là que nous allons avancer. Après avoir étudié les grands maîtres étrangers, j'ai compris cela et crée en fonction. Je ne pense pas qu'il faut toujours tout mâcher pour le public. A lui de faire l'effort de s'ajuster, car le travail que je fais aujourd'hui doit pouvoir survivre à mon départ".
Alors même que l'on se demandait où il était passé, le voilà qui revient avec Osiriade S.G 21. Une critique de la société actuelle, où l'art a perdu de la vitesse, à partir de la figure d'Osiris. Œuvre qui a entamé une heureuse tournée. Mais déjà, Martin pense à autre chose. En mettant sur pied le laboratoire Othni à Yaoundé, il veut donner la possibilité à tous ceux qui rêvent de faire carrière dans le métier d'y aller apprendre les rudiments nécessaires. Au moyen d'archives conséquents et de maîtres d'ici et d'ailleurs qi ne demandent qu'à rendre service. Afin que vive l'expression artistique africaine.

Écrit par Samuel Ngue on Vendredi, 09 Avril 2010 00:51

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