Avec ce documentaire portrait, la romancière camerounaise s'ouvre une brèche dans la réalisation.
C'est le 29 mars dernier, à La Villette (France) qu'a eu lieu l'avant-première du documentaire "Rencontre avec Manu Dibango, pionnier de la world music " dont l'écrivaine franco-camerounaise Calixte Beyala a écrit le scénario alors que Pascal Vasselin en a assuré la réalisation. Il s'agit en effet d'un portrait intime de ce musicien mythique, qui depuis bientôt 55 ans, berce les mélomanes du monde entier. Le film sera ensuite diffusé sur France Télévisions (France 5 Vendredi 9 avril 2010 à 20h35, Rediffusion : Dimanche 11 avril 2010 à 07h55).
Dans ce documentaire de 55 minutes, la romancière qui pour l'occasion a endossé le rôle de scénariste raconte la vie du célèbre artiste camerounais. On découvre en l'homme une bibliothèque ouverte sur soixante-dix années de soubresauts et d'inventions musicales. Né en 1933 à Douala, le père de Soul Makossa révèle ce qui l'a nourri et construit : l'Afrique natale, l'Europe d'adoption, l'Amérique des jazzmen, le panafricanisme musical… Entre des éclats de rire qui font aussi la renommée du personnage, portrait d'un saxophoniste et compositeur de talent. A ce propos, il confie dans le documentaire : "Je suis né sous la colonisation - même si on était sous protectorat, c'est la même chose -, mais je suis né quelque part français.
En fait, au départ, je suis une espèce de métis et je suis issu de deux ethnies différentes. (…) J'ai été élevé avec amour, mais d'une façon très dure. La musique est entrée dans ma vie normalement par l'église, parce qu'on y allait tout le temps. Les premières musiques que j'ai entendues, ce sont des chorales. J'ai toujours été amoureux de tout ça, ça me rendait tout chose"!
Pour la romancière qui se dit liée au saxophoniste de renommée internationale d'abord par les origines camerounaises et par l'association Collectif égalité dont elle est initiatrice et porte-parole que le musicien a rejoint peu après sa création, c'est un plaisir de participer à un tel projet.
A propos de son départ du Cameroun et de son arrivée en France, il confie : "Le vrai sentiment, c'est la solitude. Tu as 15 ans, tu es loin de tes parents et tu es dans un milieu occidental où tu n'as jamais vécu. Tu arrives dans ce milieu-là et il n'y a pas quelqu'un qui te ressemble. Ça te donne un sentiment terrible de tristesse. A 17 ans, les sensations sont très fortes et tu es à la recherche de ton identité. Tu en as perdu une partie parce que tu n'es plus en Afrique. Et pour en trouver une autre ici, tes héros sont des Noirs (américains), qui ne sont pas les mêmes Noirs. Pour beaucoup de raisons, tu te posais sur eux et tu rêvais de l'Amérique à travers eux".
A 75 ans, le père du " soul makossa " confie : "Il y a un proverbe qui dit qu'à partir de 70 ans, tout ce qui se passe après, tu manges la part du Bon Dieu. Je suis en train de la manger ". c'ets avec ce rire tonitruant qui le caractérise qu'il raconte sa première expérience avec le saxophone. "Dans une colonie de vacances, j'avais un copain qui avait un saxophone (…). Il me l'a prêté et j'ai commencé à jouer.
Au départ, ce n'était pas une folle histoire d'amour, parce que ça me chatouillait les lèvres et, petit à petit, la musique a pris le pas sur les études, jusque fin 1956, où mes parents m'ont coupé les vivres parce qu'ils ont appris que je faisais le saltimbanque en France. J'avais besoin d'un instrument de musique. J'ai commencé par la mandoline. C'était mon compagnon et en même temps ma confidente. Toutes mes joies et mes peines passaient sur elle."
Aujourd'hui, l'artiste a rejoint le palmarès des grands musiciens mondiaux mérite bien cet hommage qui lui est rendu. Après celui de son pays en 2007. Après avoir joué avec Nino Ferrer , Dick Rivers et Serge Gainsbourg , ce sont Michael Jackson et Rihanna qui ont repris ses chansons et mélodies dans leurs tubes. Tout le monde connaît et reconnait en effet le sample "mama-sé mama-sa mama ma-ku-sa" du "Wanna Be Starting Something " de Michael Jackson sur "Don't Stop The Music" de Rihanna.
Repères
Rencontre avec Manu Dibango, pionnier de la world music
Durée: 52'
Auteur: Calixte Beyala
Réalisation: Pascal Vasselin
Genre : portrait
Type : documentaire
Collection documentaire: "Empreintes" (France 5)
Production: France Télévisions / 2P2L
Année 2010
Pays de production : France
Écrit par Samuel Ngue on Vendredi, 09 Avril 2010 00:14
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