vendredi 9 avril 2010

Charlotte Dipanda doublée par ses fans


La première date du Mboa Tour, mercredi soir à Douala, a viré à la fête avec un public qui a repris les titres de la chanteuse. Le rang est long de vingt à trente mètres. Les portes du Castel Hall s’ouvrent.

Le Centre culturel français a délocalisé. Et une horde de mélomanes s’engouffre dans la salle climatisée. C’est bientôt plein. 1 000 personnes ?Sans doute davantage. Des chauffeurs de salle, d’on ne sait où, poussent la chansonnette. Impatient, le public donne la réplique. Hum… ça promet. Et vers 21 heures, Nana Payong, admirateur parmi les admirateurs de celle que le public attend, annonce Charlotte Dipanda.

Et Cléopâtre, oh pardon, Charlotte Dipanda apparaît. Hiératique dans ses atours de reine égyptienne. Et l’hystérie s’empare de fans à genoux et, en tout cas, aux pieds de l’artiste. Cris, youyou et vivats réchauffent l’atmosphère quasi réfrigérée par les grands splits. Ça fuse de partout. Et lorsque Cléopâtre, oh pardon, Charlotte Dipanda lance « Mbasan », Gaëlle Wondje, la choriste de ce soir, en perd ses gammes. La chorale spontanée du public prend les devants et on n’entend plus qu’elle. Tiens, a-t-elle répété avant le spectacle ? Mieux que ça.

Voilà des mois entiers que les chansons de madame Dipanda font un tabac. Ça marche tellement bien que messieurs les rapetous, alias les pirates, ont flairé l’aubaine. A quelque chose malheur est bon. L’égérie de feu Jeannot Hen’s a gagné en réputation et est nominée plusieurs fois aux Canal d’or, ce week-end. L’auditoire est largement jeune, de la tranche d’âge même de la chanteuse. Mais on voit là « des gens qui ne viennent jamais au concert », s’amuse quelqu’un.
Ça vire au carnaval, tant les spectateurs sont à l’unisson de la chanteuse. Au fur et à mesure que les chansons s’égrènent, le public talonne son étoile et ne la lâche pas. Il pousse des cris d’orfraie, se trémousse, monte sur le podium. Il connaît les paroles de chaque titre
etles reprend avec une fidélité et une assiduité qui étonnent. « Ndutu ndema », « Elle », « Mbebi », « Bwel », « Ala wone », « Longuè », « Encore une fois », « Eyaya », etc. Des troubadours font le show, avec la ferme intention de « manger tous leurs 5 000 ». Le prix qu’il fallait payer pour ce concert à guichets fermés.

Sur la scène, Charlotte Dipanda déroule son récital de ce makossa soft ouvert sur le monde. Soutenue par Arthur Monga à la basse, Petit Jean Abanda à la batterie et Julien Pestre, dit Dipita à la guitare. Le registre de la chanteuse est bien connu. Fille de l’acoustique world music, éperonnée par Jeannot Hen’s et de Lokua Kanza, l’ancienne choriste a fait de la voix son instrument. La vocaliste a le loisir de s’amuser et étale ses capacités dans des envolées et exercices vocaux dont elle se sort assez bien. ça se voit, le public repart content. Et surtout les troubadours : « On a mangé tous nos 5 000 avec le cadeau ». Charlotte Dipanda est en concert ce soir au Ccf de Yaoundé.

Stéphane Tchakam


Charlotte Dipanda : « Je ne suis pas une chanteuse Vip »

Des fans d’autres villes du Cameroun que Douala et Yaoundé m’ont envoyé des mails pour me dire qu’ils aiment ce que je fais. Je voudrais leur donner la chance de me voir sur scène. Je ne me suis jamais considérée comme une chanteuse Vip. Je suis une jeune chanteuse et je n’aimerais pas que le public pense que je suis inaccessible. Or, les Alliance franco-camerounaises et les Ccf nous permettent d’avoir des concerts à des prix abordables (2000Fcfa, ndlr) et sont des lieux où on peut atteindre les jeunes.

On ne voudrait pas capitaliser le concert ou le « Vipiliser ». Un an après l’album Mispa, le bilan est positif. Les gens l’ont intégré dans leur univers musical. Mais nous avons le sentiment que ça reste à Douala et à Yaoundé. Or, je veux toucher toutes les régions du Cameroun.

Propos recueillis par S.D.

Le jour

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