jeudi 8 janvier 2009

Rénel Kock : En mode, il n'existe pas de “femmes africaines”

Avez-vous prévu une remise de trophées pour cette 11ème édition ?
Si. Nous avons prévu la remise des awards aux meilleurs couturiers. Cette année, nous avons décidé de primer la personnalité de la mode de la décennie qui est, selon nous, Blaz design. Le trophée de la meilleure styliste camerounaise de la diaspora qui est Olivia Ervi, la révélation de cette année est le jeune styliste Enanga. Souki Babette sera également couronnée ainsi que Esterella qui est basée à Douala.

Quels sont les critères d’évaluation des stylistes ?
Pour ce qui est par exemple du meilleur styliste de la diaspora, nous allons sur le terrain. A titre d'exemple, nous décernons le prix à Olivia Ervi, parce que nous sommes allés dans ses ateliers en France. Dans ce pays, lorsque quelqu'un est styliste, il a son atelier, est enregistré et a tout ce qu'il faut pour être désigné comme tel. Nous avons remarqué que, des stylistes camerounais installés en France, Olivia faisait l'exception face à certains dont je n'ose donner les noms et qui n'ont même pas d'atelier.

Et qu'en est-il de la sélection des candidats et candidates à cette élection ?
Nous avons lancé des castings sur internet via les sites dédiés aux femmes et nous avons reçus près de 150 demandes. Ensuite, on va sur des critères requis pour les tops modèles au plan international. On préfère les filles de 20 ans ayant le bac minimum parce que nous savons que le modèle pourra encore avoir quelques années pour faire carrière. Pour ce qui est des critères comme la bouteille de coca [formes], c'est bon.

On a l'impression que votre concept ne s'ouvre pas aux stylistes reconnus localement. Pourquoi ?
Ce n'est pas exact. Nous restons ouverts aux autres stylistes camerounais. La minute de mode que nous avons tous les dimanches sur la Crtv télé mobilise le maximum de stylistes qui veulent présenter leurs travaux. La porte est ouverte à tout le monde et, en plus, c'est gratuit. On sélectionne juste les meilleurs pour pouvoir présenter les stylistes qui essaient de présenter un travail de qualité. En lançant le concept en décembre 1998, on pensait faire avancer la mode. Et nous voyons que ça avance.

Le public se rend compte que les choses ne bougent pas. Le spectacle semble à chaque fois être le même…
Je ne pense pas. Nous n'avons pas toujours eu le soutien que nous attendions mais nous restons présents contrairement à certains évènements qui ont dû arrêter de fonctionner à cause de ce manque de sponsor. En plus, nous continuons d'avoir du public. Parallèlement à cela, nous avons initié " First class " qui a failli prendre le dessus sur l'élection Top Modèle Cameroun mais nous avons très vite pu rattraper les choses.

Les agences comme la votre sont accusées d'organiser la prostitution de luxe…
Si cela était le cas, c'est que Sonomod n'existerait plus. Je mets au défi la personne qui présenterait la preuve que nous avons mis sur pied de telles pratiques à l'agence. C'est immoral et nous ne pouvons le faire. Pour éviter ce type de situation et permettre aux filles d'être indépendantes financièrement, nous les encourageons à trouver une activité autre que le mannequinat qui, malheureusement, ne nourrit pas encore son homme au Cameroun.

Prenez-vous en compte, au sein de votre agence, les nouvelles instructions internationales qui demandent de ne pas employer les filles trop maigres ?
Lorsque vous voulez aller à l'échelle internationale, il faut que les filles aient les mensurations internationales. Il y a quelques années, des stylistes sont venus au Cameroun pour un évènement et ils devaient habiller les filles avec des tenues qu'ils avaient ramenées. Toutes les tenues allaient aux filles parce que, justement, elles avaient des mensurations qui répondaient aux critères internationaux. Si nous voulons nous ouvrir au monde, nous devons rester dans les normes internationales qui vont entre le 36 et le 38 en plus ou en moins, ce n'est plus bon. Il est vrai que les gens, comme nous sommes en Afrique aiment à dire que les femmes africaines sont grosses. Ça n'existe pas en mode. Dès qu'elle se lance dans ce métier, elle devient un être du monde et doit pouvoir se glisser dans ce moule là.

Propos recueillis par Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231377552.php

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