jeudi 29 janvier 2009

Arsène Beyene : Marier l'art et les études

Le conteur et comédien rêve d'être un opérateur culturel tout en poursuivant ses études.

A le voir déambuler dans les rues de Yaoundé ou deviser avec des connaissances, on a comme l'impression qu'il joue l'acteur tout le temps. Lui qui avoue avoir pour ligne de conduite "d'être toujours souriant" quand il est avec son prochain. A tel point que plus d'un se surprend souvent à quêter le moindre moment où il pourrait flancher et se laisser gagner par la lassitude de la vie ou l'énervement que l’existence sous les tropiques sait en fournir à leurs habitants.

Cette joie de vivre, Arsène Beyene, 30 ans, l'a toujours lue. Lui qui a connu une enfance des plus ordinaires dans la localité de Monatélé. Une bourgade pas loin de Yaoundé où il est allé à l'école comme tous les enfants de son âge très tôt et où il dit avoir attrapé le virus de la comédie en classe de 4è. "J'ai été attiré par le théâtre parce que j'aime beaucoup m'amuser. C'est pour cette raison d'ailleurs que je n'ai pas hésité à postuler pour un rôle à la première occasion". Une occasion qui s'avèrera par la suite payante puisque non seulement il est reçu à cette tentative, mais aligne dès ses premiers pas sur les planches les encouragements de ses encadreurs et l'admiration du public.
Un début de renommée qui ne lui monte pas à la tête puisqu'il poursuit avec bonheur ses études sans anicroche jusqu'à l'obtention de son bac. Avec tout de même des souvenirs heureux à la clé : "Je me souviens toujours de ce concours de déguisement que les responsables avaient lancé alors que j'étais en Tle. Pour l'occasion et pour faire un peu original, je m'étais déguisé en femme. Ce qui m'a permis de rafler le premier prix et par la suite de faire un spectacle d'adieu au lycée".

Il rejoindra par la suite Yaoundé où il prendra une inscription au département de psychologie de l’ université de Yaoundé I (uyI). Où il prendra aussi langue avec le Théâtre universitaire plus au fait de son lustre d'antan. N'empêche qu'il y continuera son apprentissage à l'ombre de quelques anciens. Mais c'est en croisant la route d'un ancien de cette écurie qu'il s'affirmera et diversifiera son art. "C'est en effet Alex David Longang qui m'a invité très rapidement à travailler avec lui. A ses côtés, j'ai beaucoup appris. Avec d'autres, il m'a convaincu que je pouvais ajouter le conte à mon répertoire d'artiste, vu que c'est un genre proche de l'art scénique qu'est le théâtre".

Une nouvelle casquette qu'il travaillera à asseoir et que les deux dernières éditions du festival des moments conte et du patrimoine (Festmoc-P) permettront de consacrer. Dans la foulée, les sollicitations vont suivre et il va se retrouver à animer dans les écoles, être invité à des spectacles privés, et participer aux "contes en bibliothèque" du Centre culturel François Villon de Yaoundé (Ccfvy). Un espace qu'il a retrouvé la semaine dernière à l'occasion de l'événement "Trois jours au théâtre" goupillé par son mentor Alex David Longan. Le mvet en main et le verbe haut, il a donné à voir de son talent dans une interprétation remarquée de "La forêt illuminée" de Gervais Mendo Ze.

Mais pour l'instant, le rêve de celui qui vient de décrocher une maîtrise en psychologie à l’uyI c'est de "devenir un opérateur culturel, c'est-à-dire de détecter et promouvoir des talents qui se trouvent aux quatre coins de notre pays et qui sont très souvent frustrés". Un rêve qu'il compte par-dessus tout accomplir malgré les pesanteurs nombreuses dont la moindre n'est pas la récente fermeture du cinéma-théâtre Abbia qui est "aussi un espace pour des spectacles". Un rêve qu'il compte accomplir en travaillant d'arrache pied, lui qui ne s'avoue jamais vaincu et qui compte poursuivre dans le même temps ses études. Car "l'un n'empêche pas l'autre", commente-t-il.

Parfait Tabapsi

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1233192986.php

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