L'auteur se donne pour ambition de présenter à la face du monde, le savoir être et l'art de vie chez les Bamilékés.
Même si, en commentant La'akam qu'il sous-titre "Le guide initiatique au savoir être et au savoir vivre bamiléké", Léon Kamga l'auteur présente son ouvrage comme un catalogue culturel de la région d'Afrique de l'Ouest, le contenu du livre se limite aux pratiques coutumières de la communauté bamiléké du Cameroun. Ce document de 325 pages non édité, pour certains observateurs, manque de valeur littéraire de ce point de vue. Pour autant, l'essai fortement illustré, puise dans les usages de ce que l'auteur considère comme le ciment des peuples de l'Ouest Cameroun qu'il qualifie de simples et d'honnêtes un peu comme partout en Afrique d'ailleurs. "Malgré leurs diversités, toutes les coutumes d'Afrique cultivent chez l'homme les mêmes vertus de simplicité, d'honnêteté, d'altruisme et le même sens de l'amour de l'autre."
Le texte de Léon Kamga se subdivise en deux parties comportant deux chapitres pour la première et trois pour la seconde. Dans une langue qui alterne phrases courtes et longues, il en résulte que les relations sociales sont fondées sur l'éthique et l'harmonie. Pour que tout ceci soit, l'activité est adossée sur le rituel. Dans son texte introductif, il fait allusion aux Zoulous d'Afrique du Sud, aux Baluba du Congo démocratiques ou aux Bambaras du Mali. Toutes des contrées au pouvoir traditionnel établi. Dans cet élan, il parle du trône dont il dit qu'aucun "prince ne peut être légitimé et installé" sans avoir effectué les neuf semaines préparatoires au La'akam. "En dehors du futur roi, ses adjoints et notables", l'accès à ce cercle initiatique est totalement interdit.
Preuve que l'Afrique connaît au moins aussi bien que les autres civilisations, la réalité du sacré et de la sobriété qui font dire à M. Kamga que "contrairement au faste du palais royal, le La'akam est constitué de vielles cases disséminées dans un bois très mal entretenu". Le parcours initiatique en pays bamiléké est conforme au cheminement de l'être humain. A ce titre, il obéit à des étapes précises qui imposent des prohibitions aussi contraignantes qu'exigeantes. Si l'homme, le chef de famille est le symbole du pouvoir et de la protection, la femme porte la charge de mettre le jeune enfant au contact des équipements de la nature. On pense ainsi à l'arbre qu'on appelle ici "Yam", des rameaux "Doua" ou des feuilles "Houhou".
Passée l'étape de l'enfance au cours de laquelle, l'être humain acquiert toutes les aptitudes, seule sa conscience le conduit durant le restant de sa vie. Il sera sa propre justice, devra assimiler l'organisation sociale autour de lui, et comprendre sans la moindre complication les autres êtres de la nature. Il en est de la gestion de la contrée avec dans les rôles essentiels à la chefferie, l'intendant baptisé "Wala'a sisi". Mais aussi, le "Ndjem" qui est une exigence morale de l'intelligence du système judiciaire bamiléké. Sur cette notion de justice, se juxtapose celle de la vérité. Des valeurs de l'Ouest qui dissuadent de l'idée du vol. En somme, un livre illustré qui tend à transporter en ville les usages de plus en plus en perte chez ces populations qui font pourtant tout pour vivre les réalités de leurs chefferies dans ce milieu urbain riche en
dépravation.
Léger Ntiga
http://www.quotidienmutations.info/janvier/1231377285.php
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