lundi 12 janvier 2009

Culture : Le centre culturel camerounais fait peau neuve


Longtemps abandonné et boudé par le public, cette maison de la culture est en réfection depuis un mois. Dans le but de retrouver son aura d’antan.
C’est depuis le mois de Décembre 2008 que les travaux de réfection du centre culturel camerounais (Ccc) ont été lancés. Ce jeudi matin, le décor a visiblement changé : une nouvelle couche de peinture sur les murs de la façade principale, des bureaux et des toilettes montrent aux visiteurs que les choses sont en train de changer dans ce lieu. Dans certains bureaux, quelques employés rangent leurs effets dans le coin pour permettre aux ouvriers de mieux travailler. Dans les toilettes, les sanitaires ont changé, les installations d’eau et de courant électrique sont aussi en réfection. Au niveau de la salle des spectacles, les vieux rideaux habituels ont disparu. Le podium et les installations de climatisation sont aussi installés. A l’extérieur, quelques personnes discutent à propos des travaux. Trois comédiennes sont quant à elles assises dans la salle « tuant » visiblement le temps. En effet, depuis le début des travaux, tout le personnel est en congé. Il s’agit des membres du Ballet national, du Théâtre national et de l’Ensemble national.

Assis dans son bureau où l’odeur de la nouvelle couche de peinture est encore forte, le régisseur du Ccc, monsieur Bogné nous accueille d’un air timide. Mais, le reporter finit par trouver en cet homme d’une quarantaine d’années, une sympathie artistique. A cœur ouvert, le maître des lieux parle du centre, de ses difficultés, ses capacités et ses ambitions. On apprendra alors que depuis trois ans, le Ccc fonctionne sans budget, que les artistes sont abandonnés à eux-mêmes et se débrouillent autant que faire se peut. On n’y retrouve aucun agent d’entretien et seul, un veilleur y est en service. Les bureaux mal équipés et peu éclairés reflètent l’image d’une structure aux abois. Pour le régisseur, c’est cette image négative du Ccc qui fait bouder le public, les mécènes et hommes de culture. Plusieurs spectacles de haute facture se tiennent au Centre culturel français ou dans les salles de cinéma. Pourtant, le Ccc qui fait partie du patrimoine national a une salle de spectacle d’une capacité de 200 places assises. Un espace qui, viabilisé, peut rehausser l’image culturelle du pays.
La réfection actuelle du Ccc est une initiative de la ministre de la culture Ama Tutu Muna « qui est arrivée ici et a constaté que le centre était presque mort » avance le régisseur. Pour lui, les responsables du ministère de la culture ne font aucun effort pour viabiliser ce centre parce qu’ils sont tous des fonctionnaires et ne peuvent pas comprendre les problèmes des artistes. M. Bogné estime que le Ccc valorise pourtant l’image du Cameroun à l’extérieur. Il prend l’exemple du Ballet national qui rentre d’une tournée en Chine et au Ghana. Toutes ces structures du Ccc font des recherches dans le domaine des arts et de la culture au Cameroun et hors des frontières nationales. Certains grands noms de la musique camerounaise travaillent ici, dans le but d’encadrer et de soutenir les jeunes artistes. C’est le cas de Anne Marie Nzié.
Il faut dire que le bâtiment qui abrite le Ccc date de l’époque coloniale. C’est dans ce bâtiment que se trouvait au départ le siège du centre linguistique et ce n’est qu’à partir de 1960 qu’il sera transformé en centre culturel camerounais. Depuis, dans cet espace se sont produites de grandes voix de la musique et du théâtre. Oncle Otsama, Essindi Mindja, Jean Miché Kankan n’y sont pas inconnus. Aujourd’hui, seuls quelques jeunes artistes continuent à y prester, parfois devant un maigre public.

Le personnel du Ccc actuellement en congé est aussi confronté au problème des salaires. « Nous avons des problèmes de salaires comme partout ailleurs. Le personnel médical a repris le travail aujourd’hui après une grève vous le savez » nous lance le régisseur. Mais, la joie de tous est d’avoir entamé l’année avec ces travaux qui montrent que le ministère de la culture est sensible à la misère qui bat son plein au Ccc. Un centre qui aura longtemps souffert d’un manque de communication et même d’action de marketing à l’occasion de grands événements culturels organisés au Cameroun. Même si l’Etat envisage la création, dans le futur, d’un Théâtre national pour redorer le blason de ce secteur, il importe d’abord de refaire la santé du Ccc, faire de ce lieu un espace populaire et ouvert à toute sorte de spectacles. Y organiser régulièrement des activités culturelles et nouer des partenariats avec d’autres structures. Le ministère de la culture pourrait y organiser des conférences, ateliers, tables rondes.

Le Ccc aurait pu être le lieu principal de la célébration des 50 ans de carrière du doyen Manu Dibango et des 60 ans de carrière de Anne Marie Nzié. Des événements placés sous le haut parrainage du chef de l’Etat Paul Biya. La salle des spectacles du Ccc pourrait être utilisée pour la projection des films, courts et longs métrages, camerounais et africains. « Des actions qui, bien menées par les hommes de culture eux-mêmes, pourraient effacer au Ccc, l’image de parent pauvre de la culture camerounaise ».

Par Ericien Pascal NGUIAMBA

http://www.journalducameroun.com/article.php?aid=416

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