samedi 1 mai 2010

Yaoundé : La danse peut-elle contribuer au développement du Cameroun?


L’université de Yaoundé II a abrité hier, 29 avril 2010, un colloque international sur la contribution de la danse au développement du Cameroun. Organisé par l’association Meka dans le cadre du festival international de danses et percussions dénommé
« Abok i Ngoma » ce colloque a été l’occasion pour enseignants, artistes et journalistes de voir comment cet art peut contribuer à l’essor de notre économie.

Réactions

Jean Tabi Manga, recteur de l’université de Yaoundé II : « Nous voulons créer une licence en économie culturelle»

La culture dans tout pays est le lieu par excellence de la définition, de la promotion et de la préservation de l’identité nationale. La danse ne peut pas être considérée comme du folklore. C’est un objet de recherche. C’est un métier très ancien qui a donné la possibilité à plusieurs pays de se construire. On ne comprend pas que le Cameroun ne puisse pas financer sa culture, soutenir ses artistes, bref soutenir les politiques culturelles… Les Etats-Unis et le Canada, par exemple, tirent énormément profit de leur culture à travers le cinéma, la musique, la danse… Si nous arrêtons le financement de nos produits culturels, cela veut dire que nous acceptons la perte de notre identité culturelle, y compris nos danseurs. Il faut renforcer le cadre juridique de notre art. L’université de Yaoundé II va créer une licence et une maîtrise en économie de la culture dans un avenir proche pour des besoins de professionnalisation et de création de richesse.

Jean-Claude Awono, écrivain : « Commercialiser notre danse »

La danse est un invariable culturel important dans le développement, non pas forcément de l’univers économique, mais, de l’individu. Il n’y a pas de développement économique sans, au préalable, un développement humain. Or, pour le poète, la danse est un élément d’identité. Par la pratique de la danse, par la professionnalisation de cette discipline artistique, on peut arriver à gagner sa vie et animer des secteurs de la vie. Ce festival (Abok i Ngoma) réunit des danseurs qui viennent des quatre coins du monde. C’est un plateau intéressant qui nous permet de voir combien est-ce que l’industrie de la danse peut être bénéfique pour le développement de notre pays. Il faut commercialiser notre danse, la vendre à travers des festivals internationaux et amener des étrangers à venir au Cameroun pour faire rentrer des devises et valoriser nos instruments de musique qu’on peut également commercialiser.

François Bingono Bingono, journaliste : « Le développement de l’Afrique ne viendra jamais de l’Occident »

Celui qui danse est en relation avec le monde cosmique où vivent nos ancêtres. On va me demander où est la relation avec la danse et le développement ? Chez les Négro-Africains, on connaît la place que jouent les ancêtres. Quand on a des problèmes en ville, on nous dit, rentre au village te « laver », c’est-à-dire, rentre te réconcilier avec tes ancêtres. Le développement de l’Afrique ne viendra jamais de l’Occident. Il viendra des Africains eux-mêmes. Mais, il faut voir qu’est-ce qui était le fondement de notre développement. C’est justement les liens avec nos ancêtres, c’est-à-dire avec nos morts. Or, pour rester en communication avec les morts, la danse est un élément incontournable. Si l’Afrique veut donc se développer à sa manière, c’est-à-dire dans le strict respect des cultes ancestraux qui nous lient à nos morts, nous sommes obligés d’utiliser la danse pour que cette communication ait lieu. Chaque arbre ne peut se développer qu’à partir de ses propres racines. Si le Cameroun veut se développer à partir de ses propres racines, il doit rentrer dans l’ancestralité.

Daniel Anicet Noah, enseignant : «Le Cameroun peut vendre des créations artistiques»

Dans les industries immatérielles telles que les émissions de radio, de télé…, la danse est un produit qui structure la communication et qui peut se vendre comme tel. Il ne s’agit pas des danses folkloriques mais de la danse qui est une œuvre chorégraphique. Il faut professionnaliser davantage nos danses. Les Chinois tournent à travers le monde avec des chorégraphies composées. J’ai fait une communication sur la danse de l’assiko qui est une danse de la côte africaine depuis le Ghana jusqu’à Douala au Cameroun et à l’intérieur de la côte. C’est une sorte de structure à partir de laquelle je peux reconstituer un imaginaire qui peut faire la matière des créateurs et des compositeurs chorégraphes. On peut faire un art assez structuré comme l’assiko et le transformer non pas comme une œuvre ethnique et communautaire, mais plutôt une création artistique que le Cameroun peut vendre.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour,
Nous sommes tout à fait conscient que la danse est le meilleur moyen de communication et d'expression.
Nous sommes une association de danses urbaines (hip-hop, ragga dance soul, oriental) notre principal professeur de danse est né à Yaoundé et nous souhaiterions trouver un interlocuteur avec qui nous pourrions nous associer pour contribuer au développement du Cameroun à travers les métissages culturels.Contactez nous sur www.dans6t.com

Unknown a dit…

Je vous lis à l'instant bien vouloir me contacter via mon compte gmail je suis au Cameroun et suis acteur de la danse