lundi 3 mai 2010

CORRY DENGUEMO :« NOUS AVONS GARDÉ L’ESPRIT ROOTS »


La chanteuse de Macase parle du nouvel album du groupe.

Depuis quand votre album est-il sorti ?

L’album s’intitule Fly away. Mais, en ce moment, le titre avec lequel nous faisons la promotion est ‘Edin’. L’album a douze titres avec un bonus trac qui fait office de treizième morceau. Il est sorti depuis le 25 février dernier. C’est le troisième album des Macase. C’est vrai qu’on met beaucoup de temps pour sortir nos albums. Le dernier était en 2002. Donc, on a quand même mis huit ans entre les deux albums. Nous sommes actuellement à la phase promotionnelle, le projet est de faire le tour du Cameroun ; déjà faire connaître l’album au grand public parce que cela fait longtemps qu’on n’est pas sur la scène. Il y a forcément des enfants qui sont nés entre temps. Il faut rafraichir les mémoires.

Quels messages véhiculent les différents titres ?

Les titres parlent de tout, de nous-mêmes, de la vie. Je vais prendre l’exemple du titre ‘Mayem’, qui veut dire je sais, je sais ce que je fais, je sais où je vais. Ce titre est comme une autobiographie, une façon de dire qu’on ne se perd pas ; il y a des boulots qui prennent beaucoup de temps pour porter des fruits. Le plus souvent, lorsque tu fais quelque chose, certaines personnes te prennent pour un fou, alors que tu sais ce que tu fais, où tu vas. Donc, on dit aux gens de ne pas perdre espoir parce que des fois, il y a des moments de blues, des moments où on se perd et se demande si on est sur le bon chemin. Il faut juste tenir le coup parce que, quand on a commencé, on ne va pas s’arrêter là pour recommencer ailleurs, parce que là, ça perd le temps. Il y a également des titres comme ‘Melo’ qui parle des jeunes filles têtues, qui ne veulent pas écouter les autres et vont de gauche à droite. A la fin, elles ne savent plus qui est le père du bébé. Il y a ‘Esié’ qui parle du boulot. C’est un gros point d’interrogation face aux milliers de jeunes diplômés qui ne savent pas quoi faire avec leurs diplômes. Le titre de l’album ‘Fly away’ parle de ces jeunes qui pensent toujours que l’eldorado est de l’autre côté, ils vont et rentrent bredouilles. Et ils se rendent compte qu’ils ont perdu beaucoup de temps à penser que l’autre côté était mieux pour eux. ‘Bongo’ parle des enfants de la rue, il y en a qui ont des histoires poignantes et ont juste besoin d’aide, il ne faut pas juste les cataloguer et se dire que c’est des perdus. En fait, les titres amènent les gens à prendre conscience.

Pour le rythme, explorez-vous aussi d’autres sonorités ?

Quand on crée généralement, on ne cherche déjà pas à faire tel ou tel rythme. Ça dépend de la sensibilité qu’on a au moment où on crée une chanson. C’est-à-dire qu’on chante sans vraiment savoir si ce sera du bikutsi, du makossa ou autre chose. Donc, on chante et le batteur essaye de trouver quelque chose qui va avec le style de la mélodie. On va trouver plusieurs rythmes dans cet album, mais on est resté typique, c’est-à-dire qu’il y a toujours ce côté roots. On sent toujours qu’on vient de quelque part, du Cameroun. C’est un album ouvert qui est la continuité des albums de Macase.

Le départ de quelques membres du groupe vous a-t-il affecté ?

Henry Okala et Blick Mbassi sont partis. Lui s’occupe un peu du groupe Macase en Europe, bien qu’il ait sorti un album solo qui marche bien d’ailleurs. Henry Okala a également sorti son album il n’y a pas longtemps ici, au Cameroun. Je dirai qu’au début, cela nous a un peu affecté. Ce qui est normal, puisque Macase est un peu comme une famille. Mais on s’y est fait. Le noyau dur est resté. La preuve, on n’a pas rajouté d’autres membres parce qu’il y a déjà un esprit Macase. S’il faut ajouter quelqu’un, il va falloir chercher à connaître la personne. On a préféré rester cinq pour garder l’esprit qui y est déjà. Nous gardons de bonnes relations avec ceux qui sont partis parce que c’est tout à fait légitime que quelqu’un veuille voler de ses propres ailles tout en ayant le soutien des autres.

Macase a déjà un nom, cela veut-il dire que vous n’avez eu aucun problème à trouver de producteur ?

L’album est produit par Macase. On a décidé au départ de le faire nous-mêmes. C’est pour cela qu’on a pris justement plus de temps. On est allé doucement, avec les moyens qu’on avait, on n’a pas voulu courir. Et puis, on s’était mis en tête qu’au Cameroun, de toutes les façons, il n’y a pas de producteur.


Écrit par Propos recueillis par P.N.

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