vendredi 6 février 2009
Peinture : Les puzzles de la solidarité
Jean-Jacques Kante propose au Ccf de Yaoundé un travail qui fait appel aux visiteurs pour s'affirmer.
Il faut passer plusieurs fois devant les tableaux pour pouvoir saisir le message qu'ils véhiculent. Des tableaux qui se présentent comme des puzzles enchâssés dans des carrés et dont l'ensemble brille par un choix harmonieux des couleurs vives. Un choix que l'auteur dit ne pas être volontaire, encore moins recherché. Mais qui, avec une technique tout en mélange, donne à l'ensemble une fresque toute belle à parcourir.
Mais au-delà des formes et des couleurs aguichantes, c'est l'esprit de collaboration et de participation du visiteur qui est à louer. En jetant un œil sur ces travaux, on constate qu'il y transpire comme une envie de son auteur de voir chacun participer, au mieux de ses possibilités et en fonction de ses sensibilités, au travail qui n'est finalement pas achevé. Une option pour laquelle Jean-Jacques Kanté a tout simplement ce commentaire : "J'ai constaté que notre société s'individualise chaque jour de plus belle.
Nous n'arrivons pas à nous associer autour de projets collectifs d'envergure et préférons laisser place à notre ego forcément démesuré. Ce qui est déplorable." Ne dit-on pas souvent au Cameroun qu'une seule main ne peut attacher un fagot ?
La technique en elle-même se veut composite. Une sorte d'agencement, et souvent d'enchevêtrement, de collages, de peinture ou de modelage avec comme outil des couleurs certes, mais aussi de la sciure, de la terre ou de l'huile. Et au bout un assortiment qui, en faisant la part belle au puzzle, ne donne pas moins aussi à voir des thèmes pleins comme pour une exposition classique. Avec à leur surface des formes qui vont des arabesques aux coulées en passant par des petits reliefs. En passant, l'on relève que cette technique-là est tout à fait maîtrisée et épurée des scories de débutant. Signe que l'auteur n'est pas à sa première tentative, lui qui par le passé n'a pourtant qu'accompagné d'autres dans les expositions alors qu'il est un fruit de l'Institut de formation artistique (Ifa) de Mbalmayo
Par dessus-tout, Jean-Jacques Kanté ne se sépare pas de son idée de participation du visiteur comme le laisse voir un thème vierge où l'on peut tout de même lire "Qu'est-ce qu'on fabrique en semble ?" Une question pour le moins existentielle dont les réponses des uns et des autres permettront d'ici au 28 février, date de la fin de l'exposition, de monter une fresque "solidaire". "Je ne sais pas à quoi elle ressemblera, mais je demeure persuadé qu'elle sera au moins surprenante. J'espère aussi que le carnet de commentaire qui est ouvert déjà nous aidera à concocter aussi une œuvre littéraire en appoint." Signe pour le jeune créateur qu'il n'y a pas d'art véritable sans collaboration, sans participation du plus grand nombre.
Parfait Tabapsi
http://www.quotidienmutations.info/fevrier/1233882647.php
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