vendredi 6 février 2009

Musique : Manu Dibango attaque Michael Jackson et Rihanna en justice



Il réclame 325 millions de Fcfa aux artistes américains pour le nouveau plagiat de "Soul Makossa".
Dans une interview accordée à Mutations en décembre 2007, Manu Dibango avait précisé qu'il ne ferait pas de vagues pour la reprise de son titre "Soul Makossa" par l'artiste américaine de R'nB, Rihanna. Tout disait-il à cette époque était réglé. Il faut croire que non, puisque depuis mardi 3 février 2009, Manu Dibango a assigné lors d'une audience de référé devant le tribunal de Paris les maisons de disque Sony Bmg, Emi et Warner des chanteurs Michael Jackson et Rihanna pour avoir utilisé sans son autorisation le thème musical de l'un de ses titres. Motif : sa chanson "Soul Makossa", déjà "empruntée" sur l'album "Thriller", a été réutilisée à son insu. La jeune Rihanna est, elle aussi, poursuivie. La juge des référés Marie-Christine Courboulay rendra sa décision le 17 février 2009.

Décidément Soul Makossa est une chanson phoenix à plusieurs naissances, qui toutes sont sujettes à problèmes. Tout commence en 1972. Cette année-là, le saxophoniste camerounais compose un hymne pour la Coupe d'Afrique de football. Soul Makossa était en face B, avec son mémorable refrain "Mama Ko, Mamassa, Mamakossa". En 1982, alors qu'il enregistre le désormais mythique album "Thriller", Michael Jackson glisse une partie du morceau de Manu Dibango à la fin du titre "Wanna be Startin' Somethin'", sans l'accord de l'intéressé et surtout sans le créditer sur la pochette. "Je l'ai appris de manière inattendue”, se souvient Manu Dibango dans un entretien accordée au Figaro du mardi 3 février 2009. Il se souvient par ailleurs qu'il découvre le pot aux roses grâce à "une amie qui travaillait à l'Onu, à New York. Elle m'a envoyé une carte de voeux en ajoutant : Et bravo pour la collaboration avec Michael Jackson. J'étais à la fois flatté que l'un des plus grands artistes du siècle me reprenne. Mais il était aussi en train de gagner beaucoup d'argent en se prétendant auteur du morceau." Manu engage une procédure qui se solde par un règlement financier à l'amiable en 1986. En contrepartie, le camerounais renonce à ses droits sur "Wanna be Startin' Somethin'". En revanche, il garde le contrôle sur les adaptations futures de "Soul Makossa" et les éventuels extraits utilisés.

Le dossier en était resté là, jusqu'en 2008 où le saxophoniste camerounais s'est encore senti trahi. Simultanément, il voit sortir un remix de "Wanna be Startin Somethin'" signé Akon pour le 25ème anniversaire de "Thriller", et la chanson "Don't Stop the Music" de Rihanna. Un hit mondial vendu à plus de 7 millions d'exemplaires qui contient là aussi le fameux "Mama Ko Mamassa, Mamakossa". "Une fois de plus, dans les deux cas, je ne suis pas crédité et Michael Jackson est même considéré comme l'auteur-compositeur du morceau", livre Manu Dibango. Et ce n'est pas tout. Dans leur disque paru en début d'année 2008 au profit des Restos du coeur, les Enfoirés ont glissé dans un medley un clin d'oeil à Rihanna mais ont, là aussi, négligé Manu Dibango. " C'est ça qui me fait le plus mal. Cela fait soixante ans que je vis en France. J'ai même travaillé avec certains artistes qui sont dans les Enfoirés et ils m'oublient." A 75 ans, l'artiste vient d'assigner, devant le tribunal de grande instance de Paris, Michael Jackson et Rihanna pour plagiat et leur réclame au total 500 000 € et le versement de ses droits d'auteur. L'affaire sera plaidée ultérieurement devant les juges du fond.

Marion Obam

http://www.quotidienmutations.info/fevrier/1233882507.php

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